Argentine : Quiconque y emprunte de l’argent doit maintenant payer 60 % d’intérêts

La banque centrale de l’Argentine a de nouveau augmenté ses taux d’intérêt directeurs jeudi, dans une tentative désespérée pour juguler la chute du cours du peso. Les marchés ont paniqué mercredi lorsque l’on a appris que le Président argentin, Mauricio Macri, avait pressé le Fond Monétaire International (FMI) de débloquer un prêt de manière anticipée. Compte tenu des fondamentaux du pays, les investisseurs redoutent que l’Argentine ne se retrouve une nouvelle fois en situation de faire défaut.

Hier, la banque centrale argentine a relevé ses taux au niveau stratosphérique de 60 % – ils avaient déjà été portés au niveau ahurissant de 45 % au mois de mai – pour tenter de juguler l’effondrement de la monnaie nationale, mais en vain. Le peso a poursuivi sa chute, perdant presque un cinquième de sa valeur en une journée, et depuis le début de l’année, il a perdu près de la moitié de sa valeur par rapport au dollar américain. Ce matin, il semble se stabiliser, et un dollar cotait 38,80 pesos vers 9h30.

L’Argentine avait obtenu au mois de juin le plus gros prêt jamais accordé par le FMI

Au mois de juin, le FMI avait accordé une ligne de crédit de 50 milliards de dollars (environ 43 milliards d’euros) à l’Argentine pour une durée de trois ans. Le pays devait recevoir une première avance de 15 milliards de dollars (environ 13 milliards d’euros), et le solde devait être mobilisé graduellement au cours des 3 prochaines années, sur présentation d’états financiers trimestriels. Mais mercredi, le président Macri a annoncé qu’il avait sollicité un un versement d’urgence de ces fonds.

Une situation économique difficile

Le peso avait commencé à dévisser suite à la baisse des exportations de produits agricoles au début de cette année, en raison d’une sécheresse. La troisième plus grande économie d’Amérique latine était déjà en difficulté en raison des coûts élevés de ses emprunts, de la hausse du cours du pétrole, des réductions de ses dépenses publiques, et d’une inflation à 31 %. Elle devrait entrer en récession au troisième trimestre de cette année.

La forte parité du dollar, qui renchérit les emprunts dans cette monnaie, n’a rien arrangé. Les investisseurs ont commencé à douter de la capacité du président Macri à prendre des mesures efficaces contre la crise économique, et s’inquiètent d’un possible défaut de l’Argentine.

Les monnaies des pays émergents victimes de l’attractivité du dollar

Le peso argentin est la dernière victime d’une année difficile pour les économies émergentes. La livre turque, le rand sud-africain, la roupie indienne et la roupie indonésienne fournissent d’autres exemples de monnaies de pays émergents soumises à rude épreuve contre le dollar américain fort. Ce dernier, soutenu par la hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale, attire en conséquence davantage les investisseurs sur les marchés mondiaux.

En outre, ces derniers redoutent que l’instabilité de certains pays en développement ne créée des problèmes sur les marchés mondiaux. Des chiffres de l’OCDE montrent que les exportations de biens entre les pays du G20 ont diminué ce trimestre pour la première fois depuis le premier trimestre de 2016. Ce ralentissement s’explique pour partie par l’affaiblissement des devises des marchés émergents.

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