Tous ces milliards bloqués chez Euroclear – un important prestataire de services financiers – pourraient constituer un danger pour l’entreprise et la stabilité financière de notre pays, alerte Tim Hermans, directeur de la Banque nationale de Belgique (BNB), dans De Tijd.
L’argent russe gelé chez Euroclear n’est pas sans risque pour la Belgique
Pourquoi est-ce important ?
Tant le gouvernement fédéral que l'UE ont les yeux rivés sur les fonds russes gelés chez Euroclear. En raison des sanctions, le géant des titres a bloqué les avoirs de la banque centrale russe et les recettes qui en découlent. Selon Hermans, il ne s'agit pas d'une bonne chose, en particulier pour le pays où est basé Euroclear : la Belgique.Dans les faits : quelque 200 milliards d’euros d’argent russe sont actuellement détenus par Euroclear. La société investit cette gigantesque somme à peu de risques. Il en ressort nécessairement des intérêts, qui pourraient grimper à 734 millions d’euros cette année encore.
- S’il n’en tenait qu’à l’Europe, cet argent devrait servir à réparer les dégâts causés en Ukraine par l’invasion russe.
- Mais Hermans explique auprès de De Tijd qu’une telle chose ne s’est jamais produite auparavant. « Des garanties juridiques sont donc nécessaires avant qu’une telle chose ne soit possible. Mais outre l’aspect juridique, il pourrait y avoir d’autres effets secondaires pernicieux. »
- L’Allemagne a dernièrement fait pression pour ne pas ouvrir cette boîte de Pandore.
- Car Hermans rappelle qu’une grande partie de l’argent déposé chez Euroclear ne provient pas de clients européens. « Il y a aussi des titres qui proviennent de pays plus enclins à la cause russe. Si les pays du G7 ou d’autres décident d’écrémer ces profits russes, cela pourrait potentiellement inciter ces pays à retirer leurs actifs d’Euroclear. »
- Ce faisant, le directeur général souligne qu’il ne s’agit jamais de petits montants, mais plutôt de deux à trois mille milliards. Si cela se produit, le cours de l’euro lui-même pourrait en être affecté.
Contre-sanctions
- En outre, selon Hermans, Moscou a annoncé des contres-sanctions. Il se passe à peu près la même chose là-bas : les équivalents russes d’Euroclear bloquent les avoirs des clients occidentaux. « Par le biais de poursuites judiciaires, les parties russes pourraient également réclamer certains actifs détenus par certains partenaires d’Euroclear. Pour Euroclear, il risque d’être de plus en plus difficile d’obtenir tous les comptes. »
- En outre, Euroclear a été contraint de maintenir des réserves financières de plus en plus importantes. Au fur et à mesure que la montagne d’argent russe s’accroît, les réserves doivent augmenter avec elle.
Le budget belge
- Grâce à l’impôt sur les sociétés qu’Euroclear doit payer en tant qu’entreprise belge, l’État comptait sur cet élément pour consolider un peu son budget qui prenait l’eau. La secrétaire d’État au budget, Alexia Bertrand (Open Vld), avait déjà inscrit 625 millions d’euros provenant d’Euroclear dans la colonne des actifs du tableau comptable de la Vivaldi de 2023. « Pour la reconstruction de l’Ukraine », s’était-elle défendue à l’époque.
- Sauf que l’Europe veut envoyer ces intérêts directement à l’Ukraine, si elle n’est pas en mesure d’utiliser l’argent russe gelé.
