En Arabie saoudite, les exécutions de masse semblent de plus en plus devenir la norme, affirme Madawi Al-Rasheed, professeur d’anthropologie sociale à la London School of Economics et spécialiste des questions saoudiennes.
Al-Rasheed a fait cette déclaration dans le cadre d’une interview qu’il a donnée au site allemand DW.com, dans la perpective de l’exécution probable de 3 religieux saoudiens après la fin du ramadan.
Un climat tendu propice aux arrestations
Ces religieux, Salman al-Odah, Awad al-Qarni et Ali al Omari, soupçonnés d’être membres des Frères musulmans, sont accusés de terrorisme et d’espionnage. Selon le site Middle East Eye, ils devraient donc être exécutés au cours de la première semaine de juin. Cependant, cette information n’est pas confirmée.
D’après Al-Rasheed, le régime saoudien pourrait exploiter le climat tendu actuellement pour procéder à ces mises à mort. Les conflits dans lequel le royaume est impliqué, notamment celui au Yémen, peut en effet fournir matière à accusation. Des liens supposés avec l’Iran ou le Qatar peuvent étayer une condamnation pour terrorisme ou espionnage.
L’Arabie saoudite a éprouvé son impunité
Suite à l’assassinat violent du journaliste dissident Jamal Khashoggi, en octobre dernier, le régime saoudien a compris qu’il n’avait pas à redouter de sanctions de la part du monde occidental, trop soucieux de protéger ses intérêts commerciaux. Les achats de l’Arabie saoudite pèsent bien plus lourd que les scrupules moraux.
Aux États-Unis, le gouvernement du président Donald Trump a même ignoré les rapports de son agence de renseignement, la CIA, concernant ce meurtre. Trump lui-même a promptement tenté d’exonéré le régime saoudien de toute responsabilité dans cette affaire, en spéculant qu’elle pouvait être le fait de de criminels sans liens avec le royaume.
La banalisation des exécutions de masse
Du coup, il semble que les exécutions collectives se banalisent, explique Al-Rasheed :
Les peines de mort sont la norme en Arabie saoudite, mais récemment, les exécutions de masse sont devenues un événement habituel. Le mois dernier, les 37 personnes ont été exécutées au même moment. Des militants pacifiques et même des adolescents en faisaient partie. Les jeunes avaient été condamnés à mort parce qu’ils avaient participé aux manifestations du Printemps arabe en exigeant des réformes. Ils n’avaient que 16 ans quand ils ont été arrêtés ».