Web Analytics

Après Moody’s, S&P baisse la note de 5 banques américaines : tempête financière en vue ?

Après Moody’s, S&P baisse la note de 5 banques américaines : tempête financière en vue ?
Getty Images

L’agence de notation S&P Ratings a baissé la note de crédit de 5 banques américaines aux États-Unis. Il y a moins de 15 jours, Moody’s faisait pareil avec 10 autres institutions bancaires. L’agence évoque un environnement de crédit « difficile » pour expliquer sa décision.

Pourquoi est-ce important ?

La situation des banques est assez paradoxale. Avec la forte hausse des taux d'intérêt, les banques obtiennent un taux de dépôt favorable auprès de leur banque centrale, ce qui crée des revenus pour elles. En Belgique, par exemple, les banques n'ont jamais fait autant de profits. Mais des taux élevés signifient aussi moins des crédits accordés aux ménages et aux entreprises, et plus de difficultés à se faire rembourser. Un environnement à risque qui pèse sur toutes les banques. En outre, aux États-Unis, les plus petits acteurs - les banques régionales - ont été contraints de monter leurs taux d'intérêt pour éviter que leurs clients ne partent avec leur argent pour de meilleurs cieux et de meilleurs rendements. En mars, cette situation a créé un mouvement de panique qui a mené à plusieurs bank runs. Aujourd'hui, Moody's et S&P nous montrent que la situation est loin d'être apaisée.

Dans l’actu : S&P dégrade la note de 5 banques régionales américaines.

  • KeyCorp, Comerica Inc., Valley National Bancorp, UMB Financial Corp. et Associated Banc-Corp ont vu leur note abaissée d’un cran. Plusieurs autres institutions se sont également vues signaler une perspective négative.
  • L’environnement de « crédit » est difficile. Les banques régionales ont dû augmenter leurs taux pour éviter de voir leurs clients retirer leurs capitaux. Mais parfois, cela ne suffit pas. Par exemple, S&P a cité la baisse de 14 milliards de dollars des dépôts moyens de Comerica sur un an.
  • Dans l’ensemble, 90 % des institutions bancaires évaluées par S&P ont des perspectives stables. Les 10 % restantes ont des perspectives négatives, mais aucune n’a des perspectives positives, a annoncé lundi l’agence de notation.
  • Il y a 15 jours, Moody’s abaissait la note de 10 banques régionales, et avertissait son intention de le faire pour de plus grands acteurs comme Bank of New York Mellon, State Street et Northern Trust.

Le détail : un environnement hostile.

  • Moody’s évoquait 3 raisons pour expliquer sa dégradation :  les coûts de financement plus élevés, un éventuel manque de liquidités et des incertitudes dans le secteur immobilier.

Crise bancaire aux États-Unis

Rétrospective : La dégradation de la note de crédit est également le résultat de la crise au sein des banques régionales américaines. Plus tôt cette année, des établissements tels que Silicon Valley Bank (SVB) et Signature Bank ont été contraints de déposer le bilan. Les clients ont massivement retiré leurs dépôts, mais les institutions financières ne disposaient pas de suffisamment de liquidités. Elles ont donc été contraintes de vendre des titres de dette à faible rendement avec des pertes.

  • Bien que les autorités aient déployé de nombreux efforts pour restaurer la confiance, Moody’s a mis en garde contre les pertes non réalisées encore présentes dans les bilans des banques. Cela pourrait entraîner des problèmes si leurs clients se précipitent massivement vers la sortie.
    • Par exemple, en juin, le Financial Times a signalé que Bank of America avait affronté une perte non réalisée d’environ 100 milliards de dollars à la fin du premier trimestre.
  • Moody’s a souligné que les taux d’intérêt américains resteront élevés pendant un certain temps, ce qui continuera de mettre une pression supplémentaire sur les actifs à taux fixe dans les portefeuilles des banques.
  • L’agence de notation a estimé également que les banques ayant une part plus élevée d’actifs à taux fixe dans leur bilan rencontreront davantage de contraintes en termes de rentabilité et de capacité à faire croître le capital et à continuer à accorder des prêts.

Crise financière ?

La mère de toutes les crises : dans un environnement de taux d’intérêt élevés et de dettes immenses, certains économistes voient tous les signaux d’alarme d’une crise financière majeure.

  • Aux Etats-Unis, les dettes privées et publiques atteignent des sommets. Les défauts de paiement des entreprises se multiplient et les banques se débarrassent de leurs prêts à grand risque de défaut.
  • En Chine, il y a un parfum de 2008, avec la crise immobilière en cours.
Plus d'articles Premium
Plus