Des câbles sous-marins gigantesques, qui courent sur des milliers de kilomètres au fond de l’Atlantique ; voila sur quoi repose tangiblement l’internet mondial. Ce sont 99% du trafic informatique qui circulent via ces câbles qui ceinturent le globe, en particulier des États-Unis à l’Europe rappelle BFM Business. Or on craint qu’ils ne deviennent des cibles militaires.
En réponse aux très dures sanctions économiques qui lui ont été imposées, la Russie pourrait-elle s’en prendre aux câbles ? C’est une opportunité très sérieusement envisagée. Celle-ci provoquerait un immense black out dans toute l’Europe, mais interromprait aussi le transit des données financières et économiques à travers l’Atlantique. Une indescriptible catastrophe que la Russie semble bel et bien avoir les moyens techniques de provoquer.
Navire océanographique suspect
En août 2021, le navire océanographique russe Yantar avait déjà suscité ce genre de crainte alors qu’il croisait le cable au large de l’Irlande : il avait suivi le tracé des câbles sous-marins de télécommunications Celtic Norse et AEConnect-1 qui relient l’île d’émeraude aux États-Unis, et ce vaisseau, suspecté d’être un navire espion, dispose d’un mini sous-marin capable de plonger à 6.000 m de fond. De quoi faire craindre un sabotage, ou au moins un exercice en ce sens.
En outre, la Russie avait projeté de mener un grand exercice naval dans cette zone de l’Atlantique, empiétant même sur la zone économique (ZEE) exclusive de la République d’Irlande, avant que celui-ci ne soit déplacé.
L’Irlande se réveille devant le danger
Ces enjeux stratégiques à proximité directe de l’île ont en tout cas remis en jeu la question de la neutralité irlandaise : en février dernier, la Commission des forces de défense irlandaises a rendu un rapport appelant le gouvernement à reprendre en main sérieusement la défense de l’île, afin de faire face aux activités de la Russie et de la Chine, ainsi qu’à la menace terroriste, rapporte le site spécialisé Opex360. Alors que la République ne consacre que 0,2% de son PIB à son armée, qui d’ailleurs ne participe qu’à des opérations humanitaires, ce documents enjoint à augmenter ce budget de 200% et de mettre l’accent sur le développement d’une force aérienne.
Un tel effort devrait permettre l’achat d’avions de transport et de 12 nouveaux navires pour surveiller la ZEE irlandaise ainsi que la création d’une escadron de chasse doté de 12 à 24 appareils, tout en finançant le recrutement de 10.000 nouveaux soldats et la construction de nouvelles infrastructures radar.
Le parapluie britannique n’a plus l’air si sûr
Officiellement neutre, la République irlandaise se reposait jusqu’ici sur son puissant voisin –et ennemi traditionnel– le Royaume-Uni pour assurer sa protection rapprochée, en particulier en mer et dans les airs. Mais si les recommandations de ce rapport n’ont pas encore donné lieu à une décision du gouvernement, l’invasion de l’Ukraine change complètement la donne admettait récemment Leo Varadkar, le vice-Premier ministre irlandais: « Cela nous oblige à réfléchir à notre politique de sécurité. Je ne nous vois pas postuler pour rejoindre l’OTAN, mais je nous vois nous impliquer davantage dans la défense européenne. Nous avons toujours supposé, au cours des 70 dernières années, que notre neutralité militaire nous protégerait et que si nous étions quand même attaqués, des pays de l’OTAN, comme les États-Unis et le Royaume-Uni, viendraient à notre secours. Mais nous devrons nous demander si nous pouvons toujours supposer cela. »