La lourde restructuration chez l’usine automobile Audi Brussels remet en pleine formation du gouvernement la question en tête de l’agenda politique : notre industrie manufacturière, la production industrielle traditionnelle, est-elle vouée à disparaître ?
Dans l’actualité : Avec la fermeture menaçante d’Audi Brussels, il semble qu’à la fin de l’année prochaine, nous n’aurons plus qu’une seule usine automobile en Belgique : Volvo Gent. La tendance historique est déjà claire :
- 1997 : fermeture de Renault Vilvoorde
- 2010 : fermeture d’Opel Anvers
- 2014 : fermeture de Ford Genk
- 2025 : fermeture d’Audi Brussels ?
En perspective : Récemment, le constructeur de bus Van Hool a fait faillite. Et en dehors de l’industrie automobile, l’industrie manufacturière belge subit également de graves revers. Ainsi, l’entreprise chimique Celanese à Malines et l’usine de papier Sappi à Lanaken ont fermé.
Problème de coût
Zoom avant : De nombreux observateurs ont remarqué qu’Audi, dans son communiqué officiel, a explicitement mentionné les désavantages de coûts de l’usine de Forest.
- Le constructeur automobile allemand parle de “défis structurels de longue durée sur le site de Bruxelles”.
- Et encore : “La disposition de l’usine est difficile à changer en raison de son emplacement particulier près du centre-ville. Il y a également des coûts logistiques élevés. En général, cela conduit à des coûts de production élevés à Bruxelles par rapport à d’autres sites.”
👉 “Parlez à tout le monde dans l’industrie : la Belgique n’est pas compétitive en termes de coûts”, confirme l’économiste Geert Noels (Econopolis) sur X. “Et de nombreux politiciens de haut niveau pensent que nous pouvons nous passer des secteurs manufacturiers.”
👉 “De grandes parties de l’industrie européenne sont en difficulté”, déclare l’économiste Bart Van Craeynest à De Morgen. “Mais pour de nombreux handicaps mentionnés, il semble que nous en rajoutions encore une couche en Belgique. Le coût du travail est ici encore bien plus élevé que dans nos pays voisins. L’énergie est de toute façon plus chère en Belgique que dans nos pays voisins. Et en termes de problématique des permis, nous ne pouvons rivaliser qu’avec les Pays-Bas pour la difficulté de réaliser quelque chose.”
Pour mémoire : Juste avant les élections, le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) a clairement fait savoir au groupe mère d’Audi, Volkswagen, qu’un paquet de mesures de soutien était prêt. “Nous avons soumis une déclaration d’intention. Nous y précisons quelles sont les possibilités pour maintenir la production à Bruxelles”, disait-il alors. Cela semble n’avoir, à première vue, pas beaucoup d’effet.
Expérience et expertise
Autres réactions :
- Syndicat ACV chez Audi : “La foi en l’expertise de nos employés est forte et nous nous battrons ensemble pour notre avenir et un avenir pour l’industrie manufacturière en Belgique.”
- Ministre démissionnaire du Travail Pierre-Yves Dermagne (PS) : “Nous veillerons à ce que la procédure d’information à l’égard des travailleurs se déroule correctement et que toutes les pistes permettant de sauvegarder des emplois soient sérieusement envisagées.”
- Franky De Schrijver, délégué ABVV chez Audi, sur Radio 1 : “Il doit y avoir une production alternative au sein du groupe VW avec ses nombreuses marques. Mais celles-ci n’ont pas été suffisamment envisagées par la direction. Nous avons une raison d’exister. Nous sommes capables de fabriquer des produits de qualité et nous avons beaucoup de savoir-faire.”
- Philippe Close (PS), bourgmestre de Bruxelles : “Les différentes autorités de notre pays doivent se mobiliser avec les responsables d’Audi pour sauver le site de Forest et proposer rapidement des solutions pour des milliers de familles. L’expertise et l’expérience des travailleurs sont clés pour l’avenir du site.”