Les multinationales de la technologie incarnaient l’avenir, et leur présence semblait de bons augures pour l’emploi, en particulier dans une Europe largement désindustrialisée. Elles semblent maintenant cristalliser un retour de la lutte des classes et du syndicalisme à l’échelle du continent. Drapeau noir sur le Black Friday ?
Après Tesla, Amazon aussi se frotte à la résistance des syndicats européens, et ce, en plein Black Friday

Pourquoi est-ce important ?
Le Black Friday, jour de soldes typiquement américain, semble en passe de remplacer Noël et les fêtes de fin d'année en général comme jour consacré à la consommation à outrance. Sauf qu'il devient aussi un jour symbolique de mobilisation face aux excès des multinationales, en particulier à l'encontre des droits locaux du travail. La campagne de mobilisation "Make Amazon Pay" a été lancée ans 30 pays à l'occasion de ce vendredi.Le contexte : alors que Tesla se retrouve confrontée à la mobilisation d’une large part de la société suédoise pour que le constructeur automobile respecte les usages professionnels du pays – des conventions collectives négociées directement par les syndicats – d’autres grandes firmes se retrouvent en porte-à-faux avec les usages européens. Amazon, en particulier, à l’aube d’un des week-ends les plus prometteurs de l’année.
De quoi gâcher le Black Friday d’Amazon
- Les travailleurs d’Amazon se sont mis en grève sur plusieurs sites en Europe vendredi, rapporte Reuters. Une vague de protestations contre les pratiques de travail du géant de l’e-commerce, qui ont toujours été pointées du doigt comme particulièrement dures, voire flirtant avec les limites de la légalité.
- Une mobilisation organisée à l’échelle internationale par UNI Global Union, et qui a frappé dans 30 pays différents à partir de ce vendredi, et durera jusqu’à lundi prochain. Or, c’est le Black Friday, le fameux lendemain de Thanksgiving qui, pour les Américains, est une journée dédiée aux soldes en magasin et à la consommation. L’action peut donc faire très mal à la multinationale des caisses en carton.
- Du côté de la firme, on minimise. Un porte-parole d’Amazon en Allemagne (deuxième marché de l’entreprise en termes de ventes l’année dernière) a déclaré que seul un petit nombre de travailleurs étaient en grève et que salaires étaient équitables. Il a évoqué une rémunération de base de 14 euros de l’heure.
Grèves massives et sabotage
Sauf que les faits démentent quelque peu ces affirmations, dénombre Reuters. Et ce, d’un coin de l’Europe à l’autre. Le Black Friday semble virer au jour de mobilisation syndicale, dans le Vieux Monde.
- En Allemagne, le syndicat Verdi a déclaré qu’environ 250 travailleurs étaient en grève dans un entrepôt de Leipzig. Soit 20% du personnel. 500 autres font de même à Rheinberg, ce qui représente la moitié de la main-d’œuvre locale. Cinq centres de traitement des commandes du pays se sont aussi mis en grève jeudi soir.
- En Angleterre, même son de cloche : plus de 200 travailleurs ont fait grève vendredi dans un entrepôt d’Amazon de Coventry, et réclament une revalorisation salariale et de meilleures conditions de travail.
- D’autres mouvements de grève sont signalés en Italie. Tandis qu’en France, ce sont des points de consigne d’Amazon qui ont été pris pour cible. Les casiers ont été recouverts d’affiches et de rubans adhésifs, selon l’organisation altermondialiste Attac, qui a organisé la manifestation et point le Black Friday comme une journée consacrée à la surconsommation.