Les acheteurs allemands de gaz naturel russe ont, pour la première fois depuis la fermeture du crucial gazoduc Nord Stream 1, soumis des demandes officielles de fourniture de gaz naturel en retour.
Le 31 août, la Russie a fermé la valve de gaz de Nord Stream 1, le plus grand gazoduc russe vers l’Europe, qui peut transporter jusqu’à 59,2 milliards de mètres cubes de gaz par an. Cette liaison, qui traverse la mer Baltique, est cruciale pour la l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne. La Russie avait annoncé qu’elle interrompait le flux en raison de « travaux de maintenance » qui ne dureraient que « trois jours ».
Cependant, la fermeture se prolonge et a exacerbé la pire crise énergétique que l’Europe ait jamais connue ; les prix des carburants sont montés en flèche et les autres produits énergétiques sont également devenus de plus en plus chers. L’Allemagne, première économie de l’Union européenne, a même évoqué un possible rationnement du gaz naturel.
« La faute à l’Occident »
Ce faisant, Moscou rejette la faute sur l’Occident, qui a imposé de nombreuses sanctions au pays depuis l’invasion de l’Ukraine. Ces sanctions auraient pour effet d’entraver des travaux de maintenance essentiels, mais l’Europe affirme qu’il s’agit d’une excuse et que la Russie utilise son gaz comme une arme économique pour riposter aux sanctions économiques.
Vitaly Markelov, directeur général de Gazprom, a déclaré dans la foulée qu’il ne pouvait pas reprendre l’approvisionnement tant que Siemens Energy n’avait pas réparé les défauts. Or la société énergétique lui a répondu qu’elle ne pouvait pas comprendre l’explication fournie par Gazprom : « Notre évaluation est que la constatation qui nous a été communiquée n’est pas une raison technique pour arrêter les opérations. Ces fuites n’affectent généralement pas le fonctionnement d’une turbine et peuvent être colmatées sur place. »
« La Russie n’a rien à voir avec la crise énergétique »
Vladimir Poutine a déclaré vendredi dernier que la Russie n’avait rien à voir avec la crise énergétique européenne, mais il a ajouté que si l’Europe voulait plus de gaz, elle devait lever les sanctions. Après tout, les sanctions entravent l’ouverture du nouveau gazoduc Nord Stream 2, ce qui suscite l’agacement de Poutine. L’Allemagne a décidé plus tôt en février – juste avant l’invasion de la Russie – d’annuler l’accord sur Nord Stream 2, ce qui pourrait être l’une des raisons de cette campagne d’intimidation envers l’Allemagne.
Les acheteurs de gaz allemands estiment que la situation a eu le temps de s’apaiser et ont maintenant demandé à la Russie, pour la première fois depuis la « maintenance », de reprendre les livraisons de gaz. Cela ne signifie pas que le gaz va immédiatement revenir. Pour cela, il faudra attendre la réponse de la Russie. Nord Stream n’a pas fait de commentaire pour le moment, selon Reuters.
MB