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Le monde à l’envers : la cigale allemande voudrait bien encore un peu de l’énergie de la fourmi française

Le monde à l’envers : la cigale allemande voudrait bien encore un peu de l’énergie de la fourmi française
(Getty Images)

La relation franco-allemande tourne de plus en plus à la rivalité économique. Au désavantage de Berlin, qui a besoin de l’énergie de son voisin. Alors qu’une « grand accord » énergétique doit être trouvé au niveau de l’UE, la France compte bien de son atout.

Pourquoi est-ce important ?

Traditionnellement, l'Union européenne, c'était une locomotive économique allemande inarrêtable qui tirait derrière elle le reste du continent. Mais ça, c'était avant que la source d'énergie russe se tarisse et que la transition du fossile vers l'électrique ne change de vitesse. Depuis, l'Allemagne se traine économiquement, et se trouve fort dépourvue alors que la bise pourrait bien venir.

La cigale allemande n’a plus d’énergie

Le contexte : c’était un coup de tonnerre, en mai dernier. Le spectre de la récession s’éloignait de l’Union européenne. À une exception près : l’Allemagne. L’économie allemande avait reculé de 0,3% au premier trimestre par rapport aux trois mois précédents.

  • « Alors que l’Allemagne était auparavant à l’avant-garde de la reprise économique, elle constitue aujourd’hui davantage un frein » analysait l’Institution financière Allianz Trade le mois dernier. En partie parce qu’elle se concentre encore trop sur une économie industrielle et d’exportation. Mais aussi parce que ce modèle est très vulnérable aux fluctuations énergétiques.
    • Cette année, la croissance économique de l’Allemagne devrait être de -0,4 %, contre +0,8 % dans la zone euro, selon les dernières prévisions de la Commission européenne.
  • Car sans gaz russe, l’Allemagne est à sec, d’autant qu’elle n’a pas trouvé mieux que d’éteindre ses réacteurs nucléaires. Elle est aussi moins avantagée que les pays de l’Atlantique ou de la mer du Nord pour recevoir du GNL américain.
  • Elle doit donc négocier, et pas en position de force. L’Allemagne dépend de l’énergie qu’elle peut acheter à ses voisins, la France en particulier, et son parc nucléaire. Avec la saison officielle de chauffe qui approche et les jours qui raccourcissent, Berlin a un besoin urgent d’un deal énergétique.
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La fourmi française se fait peu partageuse

Des discussions sont en cours entre l’Allemagne, la France et leurs partenaires de l’UE : « Nous travaillons vers un compromis plus large sur les questions d’énergie », évoquait Sven Giegold, secrétaire d’État au ministère allemand de l’Économie et du Climat. « Nous avons besoin d’un grand accord », avouait-il au Financial Times.

  • Un besoin de négocier qui fait sourire depuis Paris, où on se rappelle des discussions interminables sur la réforme du marché de l’énergie européen. Précisément sur la question du nucléaire : Berlin n’en voulait pas, là où Paris veut favoriser cette source d’énergie propre et, surtout, déjà disponible.
  • Et maintenant, les Allemands aimeraient bien profiter de l’atome français pour faire tourner leurs usines. Alors que, justement, les prix croissants de l’énergie glacent les industriels germaniques.

Et de l’énergie, le problème devient concurrentiel. Les Allemands craignent que, avec un grand parc nucléaire public, l’industrie française bénéficie d’une énergie bon marché assurée. Un réel avantage concurrentiel. Et la locomotive allemande au charbon pourrait se voir remplacer par un modèle tricolore flambant neuf. Qui pourrait tirer le train européen grâce à l’atome.

Concurrence industrielle franco-allemande

  • Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz se rencontreront plusieurs fois ce mois-ci, avant une réunion plus large des ministres de l’Énergie de l’UE à la mi-octobre en Espagne.
  • Les deux pays sont en désaccord sur le mécanisme des CFD (Contracts for Difference scheme). Ceux-ci doivent aider les entreprises à passer à des sources d’électricité renouvelables et à réduire leurs factures d’électricité en même temps. Berlin les voit comme un soutien à de nouvelles structures. Mais craint que Paris ne s’en serve plutôt comme un subside de fait pour ses industries existantes, y compris ses centrales nucléaires. On retourne au souci de la concurrence industrielle franco-allemande.
  • C’est en fait un match sur l’avenir du nucléaire en Europe que se livrent la France et l’Allemagne. Sauf que la première a clairement un atout dans sa manche. Tandis que la seconde a déjà perdu gros et craint de se retrouver plumée.
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