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L’Allemagne doit avouer sa défaite : la plus grande économie d’Europe entre finalement bien en récession

L’Allemagne doit avouer sa défaite : la plus grande économie d’Europe entre finalement bien en récession
Olaf Scholz | Getty Images

Après une mise à jour des données du PIB du premier trimestre, l’Allemagne découvre qu’elle n’échappe finalement pas à la récession. Un coup dur pour les autorités du pays, et qui pourrait perdurer face à de mauvaises perspectives industrielles.

Pourquoi est-ce important ?

Plus grande économie d'Europe et véritable moteur économique du continent, l'entrée en récession de l'Allemagne jette un coup de froid qui menace l'ensemble du bloc. Le secteur industriel est particulièrement en péril, alors qu'il renferme certaines des plus grandes entreprises d'Europe voire du monde en la matière.

Dans l’actu : L’économie allemande a reculé de 0,3% au premier trimestre par rapport aux trois mois précédents.

  • Au quatrième trimestre 2022, le PIB allemand s’était déjà contracté de 0,5%.
  • Or deux trimestres consécutifs de contraction définissent une récession économique.
  • Ces nouvelles données publiées jeudi sont moins bonnes que celles déjà annoncées auparavant sur le premier trimestre, qui estimaient plutôt que le PIB allemand stagnerait sur les trois premiers mois de l’année, évitant de peu une récession.
  • En cause : l’inflation galopante, qui a continué à peser de tout son poids sur l’économie allemande au premier trimestre, a déclaré l’office national des statistiques.
    • Cela s’est manifesté dans la baisse de 1,2% de la consommation des ménages d’un trimestre à l’autre, une fois les ajustements des prix, des variations saisonnières et du calendrier pris en compte.

Entre les lignes : Un aveu de défaite du pouvoir allemand.

  • Le chancelier Olaf Scholz avait rejeté en janvier le risque de récession pour son économie, malgré les conséquences terribles de la guerre en Ukraine – l’Allemagne étant notamment très dépendante au gaz russe.
  • Mal lui en a pris, puisque le pays n’échappe donc pas au pire scénario pour une économie.
  • Et il fait face à des perspectives peu réjouissantes, alourdies par l’industrie manufacturière, un des secteurs les plus importants de l’économie allemande, à la source de sa croissance (et de sa récession, lorsque le vent tourne). Selon les dernières données disponibles, en 2021, l’industrie manufacturière a contribué à hauteur de 26,6% à la valeur ajoutée brute en Allemagne.
    • Or le ralentissement de ce secteur s’est aggravé au premier trimestre, jetant le doute sur le rebond anticipé par les économistes pour les trimestres à venir.
    • L’institut de recherche économique a abaissé ses attentes pour l’économie pour la première fois en mai depuis huit mois, rapporte Bloomberg.
    • De plus, une enquête du groupe de pression DIHK a indiqué que la croissance du PIB serait nulle en 2023.
    • Ajoutez à cela le récent débat sur la sortie de l’Allemagne du nucléaire, auquel la plupart des Allemands s’opposent, qui a mis en évidence la faiblesse de l’approvisionnement énergétique du pays. « Outre les facteurs cycliques, la guerre en Ukraine, les changements démographiques et la transition énergétique en cours exerceront une pression structurelle sur l’économie allemande dans les années à venir« , prédit dans une note l’économiste Carsten Brzeski d’ING.

L’Allemagne est le moteur économique de l’Europe

Les conséquences : L’Allemagne est la plus grande économie européenne et considérée comme le moteur économique du continent. Avec cette pièce qui flanche, c’est tout le château de cartes qui menace de vaciller.

  • Sont particulièrement en péril les quatre secteurs majeurs qui dominent l’industrie allemande : l’automobile, la construction mécanique, l’industrie chimique et l’industrie électrique.
    • Parmi les acteurs mondiaux se trouvent Volkswagen (la plus grande entreprise manufacturière d’Europe et le plus grand constructeur automobile au monde), Daimler et BMW. Avec 1,1 million d’employés, l’industrie mécanique est le plus grand secteur d’Allemagne.
    • BASF domine de son côté le secteur chimique, détenant le titre de plus grand groupe chimique au monde avec environ 118.000 employés.
    • Siemens domine également son propre secteur, l’électricité, en Europe.
    • Toutes ces industries exportent largement leurs produits dans le monde, mais aussi et surtout en Europe.
  • En parallèle, en tant que plus grande économie de la zone euro, l’Allemagne exerce une influence significative sur les politiques économiques et monétaires de l’UE. De tels nuages sombres dans l’économie allemande pourraient donc peser dans la balance de la BCE dans sa prochaine décision sur les taux d’intérêt – vers une nouvelle hausse significative pour tenter de freiner l’inflation et stabiliser l’économie dans son ensemble ? Ce ne sont que des spéculations à ce stade, mais c’est une possibilité très sérieuse qui sera prise en compte par la présidente Christine Lagarde.

Objection : Il faut toutefois contraster ces prédictions pessimistes par une petite lueur d’espoir portée par l’investissement allemand, qui a connu une hausse au cours du premier trimestre de l’année… Bien que ce rebond fait suite à une piètre performance au second semestre 2022. Le secteur commercial a également apporté des contributions positives, arrondissant les angles. Un rapport de la Bundesbank publié cette semaine a ainsi offert une bouffée d’optimisme en suggérant que l’économie pourrait connaître une légère croissance ce deuxième trimestre, grâce à l’importance des carnets de commandes, à la résolution des problèmes d’approvisionnement et à la baisse des coûts de l’énergie.

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