La politique des taux d’intérêt et l’inflation touchent de plein fouet le secteur des énergies renouvelables. Dans l’autre sens, les actions liées aux énergies fossiles se portent beaucoup mieux.
La descente aux enfers des actions liées aux énergies renouvelables, au contraire des valeurs fossiles

Pourquoi est-ce important ?
Les secteurs éolien et solaire font face à des vents contraires. Taux d'intérêt, hausse des coûts, demande très forte et concurrence chinoise sont autant de freins pour le renouvelable occidental. Cela a deux conséquences majeures : ces secteurs devront encore plus être subventionnés et on assistera probablement à une hausse des prix des énergies renouvelables, en tout cas pour un temps.Les chiffres : les actions liées aux énergies renouvelables souffrent.
- Le S&P Global Clean Energy Index qui regroupe les 100 plus grandes entreprises du solaire, de l’éolien et des autres énergies renouvelables, est en chute de plus de 30% depuis 1 an.
- L’indice S&P Energy qui est fortement pondéré par les valeurs liées au gaz et au pétrole, est lui en progression de près de 8% durant le même laps de temps.
Les raisons : les taux hauts et l’inflation font très mal.
Les entreprises liées au renouvelable concluent des contrats à (très) long terme, fixant le prix auquel elles vendront l’énergie, avant de développer leurs projets. Le problème est que les règles du jeu ont changé en cours de route.
- La hausse des taux d’intérêt décidée par les banques centrales n’est pas une bonne nouvelle : elle augmente leur coût de financement qui se fait largement par emprunt.
- L’autre grand problème est l’inflation : les entreprises vertes font face à une énorme hausse des coûts.
Des résultats plombés
Conséquence : ces entreprises affichent de lourdes pertes qui effraient les investisseurs.
- Le numéro 1 de l’éolien offshore, le Danois Ørsted, affichait des pertes nettes de 72 millions d’euros au 2e trimestre 2023. Un an plus tôt, l’entreprise était pourtant en positif.
- Les analystes d’UBS estiment que la sensibilité à des taux d’intérêt plus élevés pourrait coûter à Ørsted entre 709 millions de dollars et 1,42 milliard de dollars.
- Barclays a abaissé de 40% l’objectif de cours d’Ørsted.
- Le constructeur de turbines Vestas a enregistré une perte de 130 millions d’euros au deuxième trimestre.
- Le développeur suédois d’éoliennes, Vattenfall, a déclaré en juillet que ses coûts avaient grimpé de 40 %.
- Siemens Energy, qui a en plus été affecté par des problèmes techniques de sa branche éolienne Siemens Gamesa, s’attend à une perte de 4,5 milliards d’euros cette année.
La hausse des coûts, les crédits d’impôt plus bas qu’espéré et la forte demande qui crée des problèmes dans la chaine d’approvisionnement sont autant de problèmes pour le secteur. En outre, pour les entreprises européennes et américaines, il y a la concurrence de la Chine, aussi bien pour l’éolien que pour le solaire.
« Le prix de l’énergie renouvelable devra augmenter »
Zoom arrière : l’appel du pied aux autorités.
- Le secteur des énergies renouvelables est dans le dur, alors que les subventions européennes (Green Deal) et américaines (IRA) n’ont jamais été aussi importantes.
- Mais les règles économiques ont changé. Renaud Saleur, ancien trader chez Soros Fund Management explique au Financial Times que pour l’éolien offshore, « les contrats signés seront longtemps déficitaires jusqu’à ce que les différents gouvernements se rendent compte qu’ils doivent donner entre 80 et 100 dollars par MWh et non entre 30 et 40 dollars. »
- Il y a deux semaines, le patron Ørsted tirait la sonnette d’alarme. Passer de 0% à 4% de taux « a un impact dramatique. Car le carburant de l’industrie renouvelable est le capital. Nous n’avons pas besoin de gaz, de pétrole ou de charbon. Mais bien de capital, et c’est devenu du jour au lendemain beaucoup plus cher », a déploré Mads Nipper.
- En conséquence, « le prix de l’énergie renouvelable devra augmenter », au moins pour un temps, a-t-il annoncé.