Ecolo d’un côté, la N-VA de l’autre. Il était écrit que la Belgique ne parviendrait pas à un accord à la COP26. Personne ne peut vraiment jouer les étonnés, malgré les messages d’indignation.
« Une honte », « la risée », « pathétique », « notre pays est ridicule ». Il n’y aura donc pas d’accord intra-belges sur des objectifs climatiques communs à la COP26. Le drame. Pourtant, tout qui s’intéresse au dossier connaissait déjà la fin du film.
La N-VA et les Verts s’opposent de longue date sur la politique énergétique et climatique de notre pays. Et le premier parti d’opposition compte bien marquer son différend sur chaque dossier. Qui pouvait imaginer que la ministre flamande du Climat, Zuhal Demir, sur laquelle toute la presse francophone tombe aujourd’hui – elle n’en a cure – allait s’accorder avec trois ministres Ecolo ?
L’enjeu dépassait les querelles politiques ? Pas vraiment. Personne à la COP26 n’attend impatiamment la position belge. Personne ne s’intéresse aux chamailleries nord-sud de notre pays. Pour la simple et bonne raison, qu’à un échelon beaucoup plus haut, les pays de l’UE se sont fixé un objectif commun et se sont présentés comme un bloc à la COP26, notamment face à la Chine, aux États-Unis ou encore à l’Inde. Alors, une différence de 7% dans les objectifs d’émissions intra-belges, oui, tout le monde s’en fout.
Un accord pour un symbole ? Certes. Mais pourquoi donc la N-VA voudrait d’un tel symbole ? « Tout oppose Ecolo et la N-VA », clamait Jean-Marc Nollet, le co-président d’Ecolo, dans un débat en duel avec Bart De Wever, dans les prémisses de la campagne électorale de 2019.
Face aux objectifs plus ambitieux du fédéral et du sud du pays, la Flandre répond « par des mesures concrètes ». Finis le gaz et le mazout dans les nouvelles constructions à partir de 2023, finis les combustibles fossiles pour les nouvelles voitures à partir de 2029. « Le fédéral et les francophones vont à la COP26 avec des intentions, nous avec des mesures », ont défendu Zuhal Demir et le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA).
Acte II
Comme un plan bien huilé, la même Zuhal Demir a refusé le permis pour la centrale à gaz que la Vivaldi à l’intention de faire construire à Vilvorde pour compenser la sortie du nucléaire. Là encore, c’était écrit. Pourquoi donc la N-VA, qui est viscéralement opposée à la sortie du nucléaire, ferait-elle un tel cadeau aux Verts et à la Vivaldi ? Politiquement, ça n’a aucun sens.
D’autant que dans ce cas-ci, le parti nationaliste est rejoint par un parti de la majorité fédérale. Le MR et Georges-Louis Bouchez voient dans cette décision une aubaine. Lui qui martèle depuis des mois que les nouvelles centrales à gaz sont un non-sens et qu’il faut discuter de la prolongation de deux des sept réacteurs que compte le pays. « Avouez quand même, qu’aujourd’hui, on tape beaucoup sur la N-VA et la ministre Zuhal Demir qui est dans son champ de compétence. On a voulu une Belgique fédérale, il faut en assumer les conséquences. Lorsque Groen dit que le jeu de la N-VA est dangereux, ce qui est dangereux ce sont ceux qui nous font croire que le CRM nous garantit une forme d’approvisionnement plus saine pour le futur. (…) Je trouve que Zuhal Demir a pris une décision, en pleine COP26, en faveur de l’environnement plutôt que l’inverse », a-t-il expliqué ce matin sur La Première.
Les autres partis de la Vivaldi sont étrangement silencieux. Le PS et Vooruit sont très discrets, mais c’est un secret de polichinelle qu’ils ne voient plus la sortie du nucléaire comme une décision idéale. Car ils s’inquiètent d’une éventuelle flambée des prix qui toucherait de plein fouet leur électorat. L’Open VLD a lui opéré un tournant et s’oppose politiquement à la N-VA en menant une politique plus progressive et plus verte. Le CD&V évite le sujet et met en avant le travail de ses ministres.
On entre dans le dernier round. La Vivaldi doit prendre une décision définitive d’ici la fin du mois. Et devinez-quoi, il y aura du sang et des larmes.