A vendre: aéroport. Etat neuf. Coût: 1 milliard. Prix de vente proposé: … 100 millions

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A vendre : aéroport de province en Espagne, avec piste d’atterrissage de 4 km, terminal conçu pour 10 millions de voyageurs par an, tour de contrôle de 50 mètres, centre visiteurs, parc industriel, vaste parking et accès immédiat à l’autoroute, état neuf. Prix : 100 millions d’euros. Ce pourrait être l’annonce de la mise en vente de l’aéroport fantôme de la ville de Ciudad Real, dans la région de Castille-Manche, mis en vente ce lundi, et qui aurait coûté plus d’un milliard d’euros, le décuple du prix proposé. Achevé en 2009, peu après l’éclatement de la bulle immobilière espagnole, cet aéroport est l’un des derniers symboles de cette crise. Il n’a jamais concrétisé les espoirs qui avaient mené à sa construction, et n’a jamais réussi à servir qu’à quelques vols hebdomadaires, bien loin des capacités pour lesquelles il a été conçu. En Avril 2012, il a finalement été fermé, trois ans après la faillite de son opérateur, CR Aeropuertos.

Les potentiels acheteurs devront proposer une enchère minimum de 100 millions d’euros et être capables de bloquer 5% de cette somme en garantie dans une banque. Les administrateurs de l’aéroport espèrent qu’il intéressera les sociétés du secteur de l’aviation qui pourraient s’en servir pour la maintenance ou le stationnement à long terme de leurs avions.

Ciudad Real est une petite ville espagnole de seulement 75 000 habitants, située entre Madrid et Cordoba, qui n’a jamais attiré aucune industrie spécifique, ni les touristes. Chaque mois, ses hôtels n’y vendent que 1300 à 5000 nuitées. Cette faible activité, contrastant avec la démesure de l’aéroport, est très évocatrice des excès immobiliers qui ont mené à la crise espagnole. Ironiquement, à l’origine, l’aéroport avait été nommé « Ciudad Real Don Quichotte », mais il avait été rapidement rebaptisé Ciudad Real Central lorsqu’il était apparu qu’une association avec le héro espagnol qui se battait contre des illusions était malvenue.

Le secteur de l’aviation n’est pas le seul à avoir été impacté par cette folie des grandeurs. En juin de cette année, l’Espagne a inauguré sa liaison ferroviaire à grande vitesse entre la capitale Madrid et Alicante. Selon les projections officielles, 2,2 millions de passagers devaient emprunter cette nouvelle ligne, au prix de 125 euros. En outre, la plus grande ville du parcours est Albacete, une petite ville de 170.000 habitants. Dans un pays où 40% des contribuables espagnols gagnent moins de 1.000 euros par mois, on voit mal comment ces prévisions pourront se concrétiser, et comment cette ligne pourrait devenir rentable.

En septembre, on a appris qu’un certain nombre de régies d’autoroutes espagnoles construites au cours des 15 dernières années, la plupart autour de Madrid, étaient tombées en faillite. Là encore, le trafic réel sur ces routes n’a jamais atteint les prévisions qui avaient été faites à l’époque de leur mise en chantier, probablement en raison de la crise. En pratique, la plupart du temps, certaines de ces routes sont même quasiment désertes.

Cependant, les auteurs de la célèbre émission britannique Top Gear, consacrées aux voitures, ont trouvé un moyen original d’utiliser la piste de l’aéroport Ciudad Real Central (vidéo N°4 ci-dessous)…

Top Gear Season 20 Episode 3 (20×03)