On suppose toujours que l’avenir sera très différent du présent. Mais c’est une idée totalement fausse, estime Derek Mead, de MotherBoard.
Mead fait valoir que, dans presque toutes les œuvres d’anticipation, telles que les films à succès I, Robot et Minority Report, le monde est totalement revampé façon « high tech », et ne ressemble plus guère au nôtre. Mais pour que cela se réalise, il faudrait que des investissements massifs soient réalisés sur des projets d’architecture géants, de telle sorte que le paysage s’en trouve complètement transformé.
Ce qui va se passer est déjà en train de se produire : le futur va apparaître, non pas par bonds, mais par des petites modifications successives graduelles, de façon tellement fluide que cela ne nous perturbera pas. Ainsi, il faudra encore des décennies à la Californie avant qu’elle ne se dote d’un train à grande vitesse futuriste, et les premiers modèles ressembleront encore à des trains classiques.
Derek Mead se réfère également à la page Tumblr créée par l’Espagnol Fernando Barbella, « Signs from the Near Future », pour explorer comment les nouvelles technologies pourront s’immiscer dans notre vie quotidienne, au moyen des pancartes de signalisation. Barbella note que toutes ces avancées peuvent être à la fois enthousiasmantes et terrifiantes.
Mais il ajoute que tous ces futurs projets feront partie de la vie quotidienne à un moment donné. L’avenir se déroule tous les jours sous nos yeux. Nous ne verrons jamais quelqu’un appuyer sur un bouton et déclencher l’arrivée de myriades de voitures volantes, mais un jour, nous verrons un taxi autonome, et nous penserons « ça y est, ils sont là ? Génial ! ».
« Il y a plusieurs années, lorsque nous étions enfants, les visions du futur étaient totalement déconnectées de notre réalité : des voitures volantes, des immeubles à l’architecture étrange, entre autres objets futuristes », dit Fernando Barbella. « Mais en vérité, le futur fait toujours partie de notre présent, d’une certaine manière, et c’est pourquoi je me suis intéressé à cette approche d’un futur proche, lorsque nous verrons ces technologies coexister avec nous dans les environnements et les endroits les plus ordinaires ».
Notre difficulté à voir ces avancées discrètes nous vulnérabilise aussi : nous ne mettons pas en place à temps les garde-fous qui pourraient nous protéger de certains abus de pouvoir, explique Barbella. On peut prendre pour exemple les scanners corporels de plus en plus sophistiqués des aéroports, de plus en plus détaillés dans leurs explorations, ou les SMS adressés par les gouvernements aux manifestants, comme ceux que le gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovitch avait fait adresser sur les smartphones des participants des manifestations du début de cette année.
« Il peut être très difficile de tracer une ligne, et en attendant que cette ligne soit tracée et que des tribunaux se penchent sur des cas d’espèce qui concernent des technologies déjà dépassées, le nouveau cadre du futur continue perpétuellement de prendre forme autour de nous »
« Nous ne saurons probablement jamais à quel point nos dirigeants s’inquiètent de la démocratisation de ces nouvelles technologies, et les portes, les fenêtres et les nouvelles voies que ces choses vont créer pour les gens ordinaires. Nous pouvons donc clairement imaginer que l’avenir proche sera rempli de panneaux et de signes pour nous dire comment ou quand nous pourrons utiliser ces technologies conçues à l’origine pour améliorer nos existences », écrit Barbella.
Cependant, Fernando Barbella affirme rester optimiste. « L’entière responsabilité incombe à l’individu et non aux gouvernements ou aux multinationales. Ils ne pensent qu’à eux, à leur réélection ou aux bonus qu’ils auront à la fin de l’année. Nous devrions toujours nous souvenir que pendant que nous passons du temps sur les médias sociaux, ou que nous convoitons le dernier gadget high tech, il y a des gens qui pourraient avoir besoin de notre aide, et que nous pouvons peut-être utiliser les technologies existantes et celles qui sont à créer pour les aider », conclut-il.