Entre manque de vent et avaries techniques dans ses installations nucléaires, la France a été obligée de rallumer ses centrales à charbon dès ce mois de septembre afin de couvrir ses besoins en électricité.
Depuis le début du mois, la France a rallumé ses centrales au charbon. Jeudi, à la mi-journée, les quatre installations fournissaient 2% du mix électrique national, soit 824 mégawatts, selon les chiffres du gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE, relayés par Les Echos.
Mardi, la Belgique a même mis en route des capacités de réserve afin de pouvoir approvisionner le marché français de l’électricité.
Comme en hiver
Si le recours à ces centrales thermiques polluantes n’a rien d’exceptionnel, leur usage est généralement réservé pour le cœur de l’hiver, quand les besoins en électricité sont les plus élevés. Voir la France recourir au charbon, même si c’est pour assurer seulement 2% du mix électrique, est donc étonnant alors que les températures sont particulièrement douces pour la saison.
Plus surprenant encore, les quatre centrales à charbon françaises ne suffisent même pas à assurer la demande actuelle. Selon RTE, des mesures ‘d’effacements’ (les entreprises qui acceptent de différer ou modérer leur consommation en échange d’une rémunération) ont même dû être utilisées ces derniers jours.
Plusieurs raisons
La raison principale de cette situation inhabituelle est à chercher dans la très faible disponibilité des réacteurs nucléaires français à l’heure actuelle. Sur les 56 réacteurs que compte le parc nucléaire, 24 sont à l’arrêt pour diverses raisons: impact sur le débit ou le niveau de cours d’eau, programmes de maintenance prolongés à cause d’avaries techniques ou décalés à cause de la crise sanitaire, économies de combustible en prévision de l’hiver, etc. Sans oublier qu’à tout cela s’ajoute la fermeture définitive de la centrale de Fessenheim qui a privé le réseau de deux réacteurs.
‘La concomitance de ce contexte avec le grand carénage [le programme qui vise à prolonger la durée de vie des réacteurs nucléaires d’EDF, NDLR] crée un embouteillage d’opérations de maintenance’, a expliqué EDF aux Echos.
Si l’on a pu à un moment se réjouir de la chute drastique des émissions de CO2 suite aux mesures de confinement du printemps dernier, on constate aujourd’hui que la crise du coronavirus cachait des effets négatifs à retardement en matière d’énergie.
Par ailleurs, la météo des derniers jours a été particulièrement défavorable à la production d’électricité issue de l’éolien. ‘Un anticyclone s’est déployé sur l’Europe et entraîne des vents très faibles’, explique encore RTE.
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