La France première vendeuse d’énergie en Europe grâce au nucléaire, tandis que l’Allemagne devient dépendante de ses voisins

La carte de la production énergétique en Europe a radicalement changé depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais aussi depuis différents changements drastiques dans la politique de certains pays. Dans un sens ou dans l’autre de la balance de production.

Pourquoi est-ce important ?

On a beaucoup parlé du nucléaire français, qui ne produit pas autant qu'il le pourrait ; c'est vrai, mais il a contribué à faire de la France la pile énergétique de l'UE. À l'inverse, depuis qu'elle a fermé ses dernières centrales, l'Allemagne a quitté le camp des pays exportateurs pour passer de l'autre côté de la barrière.

Un secteur nucléaire rentable, même à 50% de sa capacité

Dans l’actualité : la balance énergétique franco-allemande – donc aussi européenne – a basculé, analyse Bloomberg.

  • La France est devenue la première exportatrice d’énergie dans l’UE, juste devant la Suède, avec 17,6 térawattheures envoyés vers l’étranger. Ses principaux clients sont la Grande-Bretagne et l’Italie.
  • Cette énergie française provient largement du nucléaire, sur lequel le gouvernement parie pour bâtir sa transition énergétique. Pourtant, celui-ci a défrayé la chronique durant les dernières sécheresses, qui faisaient craindre des problèmes de refroidissement. Les opposants au nucléaire, très actifs en France, ont aussi mis en avant la crainte de pénurie d’uranium suite aux troubles au Niger – un risque complètement surévalué.
  • Le nucléaire français culmine pourtant à 50% de sa capacité. Mais même ainsi, le pays s’en sort plutôt bien et a pu même maintenir des prix relativement bas au plus fort de la crise énergétique. Ses centrales sont devenues un élément incontournable du mix énergétique européen.

Les autres sources d’énergie n’ont toutefois pas démérité : la vague de chaleur qui frappe le sud de l’Europe a aussi stimulé la filière solaire. Et c’est l’Espagne qui en profite – malgré la sécheresse historique – pour devenir le troisième pays exportateur de l’Europe, et compléter le podium après Paris et Stockholm avec des sorties nettes totales de 8,8 térawattheures, selon le rapport de l’analyste des données d’énergie EnAppSys.

Dépendance allemande et nuages noirs sur l’économie

L’Allemagne par contre est au plus bas : alors qu’elle était une habituée du podium, la voici devenue une importatrice d’énergie. Une conséquence directe de sa sortie du nucléaire, estime le rapport de EnAppSys.

  • Or, comme certains observateurs le soulignaient déjà à l’époque, les coûts de l’énergie risquent de plomber la première économie européenne pendant plusieurs années, alors que ce pays est entré en récession.
  • En juin dernier déjà, alors que les prix étaient redevenus plutôt bas sur le marché international, Siegfried Russwurm, le chef de la Fédération allemande de l’industrie, faisait part de ses craintes d’une dislocation du tissu industriel du pays causée par les prix élevés de l’énergie.
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