La Russie perd un moyen de pression sur l’UE : les États baltes trouvent un « accord historique » pour quitter le réseau électrique russe

Cela aura pris du temps, mais l’accord est là. L’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont décidé qu’elles se découpleront ensemble – et plus tôt que prévu – du réseau électrique russe.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis le début de la guerre en Ukraine, de nombreux pays européens essaient de se défaire d'un maximum de leurs liens avec la Russie. Si c'est facile sur certains plans, c'est plus difficile sur d'autres, tant la dépendance vis-à-vis du géant voisin de l'Est était parfois importante. Les États baltes l'apprennent à leurs dépens, eux qui vont devoir continuer de se reposer pendant encore un an et demi sur le réseau électrique russe... alors même qu'ils sont conscients de la dangerosité de la situation.

Dans l’actu : découplage pour février 2025.

  • Jeudi, les trois États baltes ont annoncé qu’ils quitteront le réseau électrique russe en février 2025.
  • C’était déjà prévu depuis plusieurs années, mais la guerre en Ukraine les a poussés à revoir leur calendrier.

Les détails : « la Russie est dangereuse et imprévisible ».

  • À la place du réseau électrique russe, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie (tous les trois membres de l’UE) se brancheront via la Pologne sur le réseau synchrone de l’Europe continentale, qui alimente déjà plus de 400 millions de clients dans 24 pays, principalement à travers l’UE.
  • « Le fait que les États baltes continuent de faire partie du système électrique BRELL, géré par la Russie, constitue une menace pour la sécurité énergétique », ont expliqué les chefs de gouvernement des trois pays dans un communiqué commun.
  • La Première ministre estonienne Kaja Kallas a rappelé que la Russie n’avait pas hésité à utiliser l’énergie comme une arme depuis le début de la guerre en Ukraine. Rester connecté au réseau électrique russe représente donc un risque pour les consommateurs estoniens, a-t-elle avancé, qualifiant la Russie d’État « dangereux et imprévisible ».
  • « Cela renforcera encore la force et la résilience du réseau électrique de l’UE, et notre indépendance énergétique en général », s’est réjouie la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, là où la commissaire européenne à l’énergie Kadri Simson a salué un « accord historique ».

Compromis

Le contexte : la Lituanie espérait mieux.

  • Les États baltes avaient déjà décidé en 2018 – en accord avec la Pologne et la Commission européenne – de se découpler du réseau électrique russe en 2025. À l’époque, ils visaient la fin de l’année.
  • Cependant, au vu de l’embrasement de la situation, la Lituanie a fait pression pour réaliser cette opération plus tôt : dès 2024.
  • Il y a deux semaines, l’Estonie lui a toutefois répondu qu’elle n’était pas en mesure de se déconnecter du réseau russe si tôt.
    • « Je comprends que la Lituanie veuille ce découplage plus rapidement, mais la question est que l’Estonie paierait le prix le plus élevé pour cela en termes de (coût), mais aussi en termes de risques de pannes », avait fait valoir Kallas.
  • Finalement, cette échéance de février 2025 semble constituer un bon compromis pour les trois pays.
    • « Bien que nous pensions que les systèmes électriques des pays baltes seraient prêts à être synchronisés avant février 2025, il est important d’agir ensemble pour réaliser les projets restants », a commenté son homologue lituanienne, Ingrida Simonyte.
Plus