L’image de première de la classe économique des États-Unis est écornée, dans un contexte de troubles économiques et politiques mondiaux. La confiance dans Washington pourrait s’en voir sapée.
L’actualité : l’agence de notation financière américaine Fitch Ratings a revu à la baisse la cote des États-Unis. La note de la dette publique américaine sur le long terme passe ainsi de « haute qualité » (AAA) à « qualité moyenne supérieure » (AA+).
- Cette révision à la baisse est liée aux craintes de voir « une détérioration budgétaire attendue au cours des trois prochaines années », une érosion de la gouvernance et un fardeau général de la dette.
Pour rappel : la note de Fitch fournit une appréciation de la solvabilité financière d’un État, soit sa crédibilité à emprunter et donc à rembourser ses dettes. Elle est prise en compte par les investisseurs pour acquérir ou non des obligations d’État. De sorte que le déclassement des États-Unis pourrait avoir un impact sur l’acquisition d’obligations d’État.
- Plusieurs facteurs sont pris en compte pour noter un État : l’évolution de la dette, l’évolution des taux de remboursement, la capacité de remboursement, la structure de la dette ou encore la stabilité financière.
Facteurs multiples
Le détail : Le pays avait été placé sous surveillance négative en mai, suite aux difficultés de Washington à trouver un accord sur le plafond de la dette.
- « Les affrontements politiques répétés sur la limite de la dette et les résolutions de dernière minute ont érodé la confiance dans la gestion budgétaire », a déclaré Fitch.
- Les effets de cette décision ne se sont pas fait attendre. Les contrats à terme sur actions américaines ont ouvert à la baisse. Les contrats à terme sur lz Dow Jones ont glissé d’environ 100 points, indique CNBC.
« De l’avis de Fitch, il y a eu une détérioration constante des normes de gouvernance au cours des 20 dernières années, y compris en matière budgétaire et de dette, malgré l’accord bipartisan de juin pour suspendre le plafond de la dette jusqu’en janvier 2025 »
a déclaré l’agence de notation.
- L’augmentation du déficit des administrations publiques a également joué dans la décision de Fitch d’abaisser la note des États-Unis. L’agence s’attend en effet à ce qu’il atteigne 6,3% du PIB cette année, contre 3,7% en 2022.
- Fitch justifie également sa décision par le risque persistant d’une légère récession de l’économie américaine – malgré de bons résultats récemment – au quatrième trimestre 2023 et au premier trimestre 2024. Elle évoque notamment une combinaison de resserrement des conditions de crédit, d’affaiblissement des investissements des entreprises et de ralentissement de la consommation.
Vives réactions de l’administration Biden
La décision de Fitch n’a évidemment pas manqué de faire réagir au sein du gouvernement américain. La Maison-Blanche a fait part de son désaccord face à cette révision de la note des États-Unis, la qualifiant de sans fondement et indiquant qu’elle défie le bon sens.
- « Cela défie la réalité de déclasser les États-Unis à un moment où le président Biden a réalisé la plus forte reprise de toutes les grandes économies du monde », a déclaré l’attachée de presse Karine Jean-Pierre.
- Les responsables de l’administration ont tenu à rassurer tout le monde, insistant sur le fait que les pratiques de gouvernance budgétaire américaines sont solides.
- Ils ont par ailleurs tenté de dissuader l’agence de notation de faire part de sa décision, rapporte Bloomberg.
- Selon eux, la principale raison de ce déclassement serait en réalité liée aux événements du 6 janvier 2021 et à l’assaut du Capitole par les partisans de Donald Trump. Fitch a à plusieurs reprises fait part de ses inquiétudes concernant l’impact de cette attaque, ont rapporté plusieurs responsables.
À noter : la décision de rétrograder la notation des États-Unis intervient à un moment particulier, alors que la campagne présidentielle américaine s’intensifie en vue des élections de 2024.
- Républicains et démocrates vont bien évidemment utiliser cette carte pour critiquer les agissements du camp adverse.
- Mais c’est surtout Biden et sa gestion de l’économie qui vont en pâtir.
Quel impact pour les Américains ?
L’administration Biden a évidemment tenté d’apaiser les inquiétudes concernant tout impact possible de cette décision de Fitch. Cette dernière aurait des conséquences minimes sur les coûts d’emprunt réels des États-Unis, a-t-elle assuré.
- « La décision de Fitch ne change rien à ce que les Américains, les investisseurs et les gens du monde entier savent déjà : que les titres du Trésor restent l’actif sûr et liquide le plus important au monde, et que l’économie américaine est fondamentalement forte », a déclaré la secrétaire au Trésor Janet Yellen dans un communiqué.