L’Europe prend le train en marche, comme à son habitude, un peu tard : Paris et Londres débloquent de grosses enveloppes pour développer les intelligences artificielles. Avec toutefois une nuance de taille : la France devra se plier aux régulations de l’UE, tandis que la Grande-Bretagne est libre de ce côté.
Bras de fer franco-britannique pour prendre la tête de l’IA d’une Europe à retardement

Pourquoi est-ce important ?
Jusqu'à présent, la course à l'IA la plus performante et surtout la plus prometteuse commercialement a été l'affaire de grandes firmes technologiques américaines - même si on se doute que la Chine est aussi sur le coup. Mais voilà que les États s'en mêlent, y compris sur le Vieux Continent, et tentent de prendre le train en marche.Dans l’actualité : la France et le Royaume-Uni rivalisent de déclarations et de grosses enveloppes pour stimuler le développement des intelligences artificielles à domicile.
Duel de part et d’autre de la Manche
Lors du grand salon des technologies VivaTech de Paris, le président français Emmanuel Macron a promis une grosse enveloppe publique pour soutenir le Pays dans la course à l’IA, le 18 juin dernier. Il a annoncé un nouveau financement de 500 millions d’euros pour soutenir les start-ups tricolores si chères à son cœur qui opteraient pour cette voie ultra-concurrentielle.
- Cette somme vient s’ajouter aux engagements précédents du gouvernement, qui a notamment promis d’injecter 1,5 milliard d’euros dans l’intelligence artificielle avant 2022, rappelle CNBC. « Je pense que nous sommes le numéro un de l’IA en Europe continentale, et nous devons accélérer : nous allons investir comme des fous dans la formation et la recherche » a d’ailleurs assuré le président français aux micros du média économique américain.
BritGPT
Sauf que le grand rival historique de la France est aussi entré dans la course : le Premier ministre britannique Rishi Sunak a inauguré à la même période la London Tech Week. Et il n’a pas manqué, lui non plus, d’évoquer l’IA et de promettre des investissements de la part de la Couronne.
- Le gouvernement britannique s’est engagé à investir un milliard de livres, soit 1,164 milliard d’euros, dans la recherche sur les supercalculateurs et l’IA.
- Sur cette enveloppe, pas moins de 900 millions serviront à financer un projet que le gouvernement de Londres n’a pas hésité à surnommer « BritGPT », référence logique et facile à la fameuse IA générative d’OpenAI, qui fait les gros titres depuis des mois. On se croirait presque revenu au temps de la course atomique. Des voix s’élèvent toutefois au Royaume-Uni pour considérer cette somme comme anecdotique, pour se mesurer aux USA et à la Chine sur le terrain des grandes technologies.
L’enjeu européen
Une nuance de taille toutefois entre Paris et Londres : la première reste soumise aux décisions de l’Union européenne, et celle-ci s’inquiète de plus en plus du pouvoir des Big Tech. La France devra donc montrer patte blanche au pouvoir régulateur de l’UE, tandis que pour une fois, le Brexit pourrait avoir du bon.
L’Union européenne s’est dotée d’une loi sur l’intelligence artificielle qui a été approuvée en juin dernier. Celle-ci évalue en particulier les rsques que l’IA peut représenter pour les libertés des citoyens européens : surveillance biométrique, discriminations ou système de notation sociale (comme en Chine) ont par exemple déjà été listées comme des « no go » absolus, pour l’UE. Des règles qui ont déjà été qualifiées de « péril pour la compétitivité » par les industries européennes.
- Bien sûr, ce n’est pas pour autant que la France comptait forcément suivre cette tendance répressive, mais elle devra mettre en place un organisme de contrôle en amont. Ça sera vraisemblablement la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), à moins qu’un organisme distinct soit mis en place.
- Côté britannique, on dit préférer une approche « souple » de la réglementation, avec une liste de conseils gouvernementaux à appliquer pour les entreprises de l’IA.