La Commission européenne veut s’attaquer à l’industrie textile, l’un des secteurs les plus polluants au monde. Avec environ 1,7 milliard de tonnes de gaz à effet de serre rejeté chaque année, cette industrie génère presque autant d’émissions polluantes que celles du trafic aérien et maritime mondial.
L’actualité : la Commission européenne a déposé une proposition pour inciter les entreprises de fast-fashion à réduire leur empreinte environnementale, en les incitant à améliorer la recyclabilité de leurs produits.
- Une proposition intitulée « prendre la responsabilité de réduire, réutiliser et recycler les déchets textiles et stimuler les marchés des textiles usagés » qui rejette en grande partie la responsabilité de l’impact environnemental de la fast-fashion sur les entreprises textiles.
- « Vous ne pouvez pas interdire aux gens d’acheter de nouvelles choses s’ils en ont les moyens et qu’ils en ont envie », a déclaré Virginijus Sinkevičius, commissaire européen à l’environnement. « Ce dont je dois m’assurer, c’est que même s’ils le font, à la fin de la vie de ces biens, ils peuvent trouver un meilleur sort que d’être… incinérés ou déversés en Afrique. »
Le détail : pour y parvenir, l’UE souhaite faire payer ces entreprises pour le traitement des vêtements et des chaussures jetés à la poubelle, car passés de mode ou détériorés trop rapidement, deux aspects inhérents à la fast-fashion.
- « Les producteurs couvriront les coûts de gestion des déchets textiles , ce qui les incitera également à réduire les déchets et à accroître la circularité des produits textiles – en concevant de meilleurs produits dès le départ », peut-on lire dans le communiqué.
- Les coûts varieraient en fonction du produit et du traitement nécessaire, mais selon un responsable de l’UE, le traitement d’un t-shirt reviendrait à 0,12 cent.
- Les frais pourraient être réduits si les fabricants optaient pour des produits plus durables.
- « La mode rapide est un problème », a souligné le responsable.
À noter : ce n’est pas la première fois que l’UE projette de s’attaquer à la mode rapide. Il est déjà question que les États membres mettent en place des systèmes de collecte de déchets textiles d’ici 2025.
- Plusieurs pays européens, dont la France et l’Espagne, ont déjà pris des mesures à l’encontre de la fast-fashion, rappelle le Financial Times.
D’accord, mais…
L’organisme de l’industrie du commerce de détail EuroCommerce s’est dit favorable à cette proposition. Il souhaite cependant que les règles soient harmonisées dans l’ensemble des 27 États membres.
- « Des financements et des investissements sont nécessaires pour atteindre ce niveau élevé de collecte des déchets textiles », a indiqué l’organisme, assurant que le manque d’infrastructure de recyclage empêche les entreprises de vendre des produits plus durables.
Le géant H&M a également réagi favorablement à la proposition de la Commission européenne, précisant qu’il visait à ce que 30 % de ses vêtements soient fabriqués à partir de fibres recyclées d’ici 2025. Euratex, l’organisme de l’industrie textile, a fait part de ses projets en la matière.
- Des propositions qui sont bien en deçà de ce que vise la Commission. Les législateurs veulent que des objectifs spécifiques soient établis pour la collecte, la prévention et le recyclage des déchets textiles.
Et maintenant ? La proposition devra encore être négociée entre les États membres de l’UE et le Parlement européen avant de devenir une loi.