Alors que l’Ukraine a entamé sa contre-offensive, la question est de savoir comment la guerre va évoluer. Business AM s’est entretenu avec Tom Sauer, professeur de politique internationale à l’université d’Anvers, qui a fait le point sur la situation.
L’essentiel : Alors que les attentes concernant la contre-offensive ukrainienne sont élevées, il est difficile de prédire si elle peut inverser le cours de la guerre. Sur le plan diplomatique, cependant, la Chine pourrait constituer une piste.
- Sauer : « L’Ukraine a lancé une offensive avec l’aide de nouveaux systèmes d’armes occidentaux. Cela a suscité de grandes attentes. Personne ne sait si l’Ukraine sera en mesure de percer la ligne de défense russe. Les Russes ont certainement eu beaucoup de temps pour se préparer ces derniers mois. Mais si cela se produit, il reste à voir où les Ukrainiens seront capables de passer. L’armée russe a appris de ses erreurs. »
- « Si la guerre dure dans le temps, l’avantage reviendra à la Russie. Les Russes ont beaucoup plus de moyens que les Ukrainiens et ils ont aussi beaucoup plus de munitions. Ils ont également plus de potentiel pour créer des munitions que les Ukrainiens, qui dépendent entièrement de nous. Mais les Ukrainiens sont plus motivés, ce qui compense. »
- « La Chine pourrait être en mesure de négocier et de faire une percée. Le pays entretient de bonnes relations avec la Russie. La Chine a également l’avantage d’entretenir des relations relativement correctes avec l’Ukraine. Récemment, le président chinois était à Moscou et peu de temps après, il s’est entretenu au téléphone avec Zelensky », souligne M. Sauer. « La Chine joue aussi un rôle de plus en plus important dans la politique internationale. Elle a dernièrement mené à bien les négociations entre l’Iran et l’Arabie saoudite. »
La situation sur le front : les percées de l’Ukraine sont encore timides. L’armée a pu revendiquer la prise de quelques villages dans l’est et le sud du pays, mais cela se serait fait au prix de pertes « catastrophiques », selon Vladimir Poutine, qui a reconnu pour sa part pour la première fois que la Russie aurait pu être mieux préparée pour mener son « opération spéciale ». Le leader russe a par ailleurs évoqué un manque de munitions, d’avions et de drones malgré une production record. De son côté, l’armée russe tente de reprendre le groupe Wagner sous son commandement, mais Evguéni Progijine, qui doit signer un contrat en ce sens d’ici le 1er juillet, est en guerre ouverte avec le ministre de la Défense Sergueï Choïgou.
BL

