« Les diamants russes ne sont pas éternels » : l’UE va limiter le commerce de la pierre précieuse, la pression devenait trop forte pour la Belgique

C’est ce qu’a confirmé Charles Michel, le président du Conseil européen, en amont de la réunion du G7 qui se déroule au Japon.

Pourquoi est-ce important ?

Le commerce de diamants avait jusque-là toujours échappé aux sanctions. La Belgique a longtemps fait pression pour que la pierre précieuse en soit exclue. Avec la ville d'Anvers, notre pays compte la plus grande place de commerce de diamants au monde.

Dans l’actu : le G7 se réunit au Japon pour annoncer un nouveau train de sanctions.

  • Ce vendredi, le Royaume-Uni a indiqué son intention d’établir un embargo sur les diamants russes, en marge du G7.
  • Dans la foulée, le président du Conseil européen Charles Michel a confirmé que l’UE allait « limiter le commerce de diamants russes », reprenant le lexique du film de James Bond : « Les diamants russes ne sont pas éternels. »
  • Les 7 pays industrialisés les plus riches, ainsi que l’UE, vont par ailleurs renforcer leurs sanctions, visant surtout à combler les lacunes et les détournements, quitte à punir des entreprises non-russes. Une fois de plus, le gaz et l’uranium devraient échapper aux sanctions.

Les détails : la Russie, les diamants et la Belgique.

  • La production de diamants bruts rapporte plusieurs milliards d’euros par an à la Russie.
  • Depuis le début de l’invasion en Ukraine, les importations de diamants russes n’ont que légèrement diminué dans notre pays, mais ce n’est pas lié à de quelconques sanctions. Preuve en est : le mois de juin 2022 et le mois de janvier 2023 ont connu deux sérieux rebonds, avec plus de 500 millions d’euros de diamants bruts importés.
  • Sur une année, la Belgique importe pour environ 2 milliards d’euros de diamants bruts russes. Des diamants retravaillés et échangés à Anvers, le centre mondial du commerce de diamants.
  • À Anvers, les diamants russes représentent environ 25% des échanges. Des échanges qui grimpent au total à quelque 40 milliards d’euros, chaque année.

Le contexte : la pression devenait trop intense.

  • Le principal argument du secteur anversois était de dire qu’en cas de sanctions, la Russie vendrait simplement ses diamants ailleurs. C’était d’ailleurs encore l’argument d’Alexander De Croo, en février dernier, lors de la présentation du 10e train de sanctions de l’Union européenne.
    • « On n’est pas un destinataire final spécifique des diamants russes, mais une place de marché. D’ailleurs, une grosse majorité de ce qui passe par Anvers ne finit pas sur le marché européen. Le financement (qui bénéficie à la Russie, NDLR) se trouve dans le commerce de détail », réagissait le Premier ministre en marge d’un Sommet européen.
  • L’embargo sur les diamants russes est une question qui ne date pas d’hier. Dès mars 2022, Volodymyr Zelensky avait visé juste en interpelant les parlementaires belges sur le secteur diamantaire : « Dans notre lutte contre cette tyrannie qui veut diviser l’Europe et tout ce qui nous unit », subsistent « ceux pour qui les diamants russes vendus à Anvers sont plus importants. »
  • Il aura fallu plus d’un an pour que les députés belges s’accordent, ce mercredi, à l’unanimité, sur une résolution visant la pierre précieuse, demandant à l’UE l’interdiction de l’importation.
  • Au sein de l’Europe, les pays baltes, notamment, demandent depuis longtemps que l’on sanctionne les diamants russes. La presse internationale avec le Guardian et le New York Times ont également épinglé notre pays pour ses liens avec la Russie au niveau diamantaire.
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