« La vie de mes hommes contre celle de soldats russes » : Prigojine a-t-il trahi le Kremlin ?

Le chef de Wagner aurait entretenu des contacts avec les services ukrainiens depuis le début de la guerre. Une information difficilement vérifiable, mais qui jette une nouvelle ombre sur le personnage. Qui risque bien de s’attirer les foudres de Poutine, légitimement ou non.

Pourquoi est-ce important ?

Les révélations issues des "Discord leaks" - une fuite massive de documents classifiés du Pentagone - continuent de tomber. Et le chef des mercenaires du Wagner Group, anciennement très proche du pouvoir russe, risque bien de s'en mordre les doigts.

Les révélations : Evgueni Prigojine aurait, en janvier dernier, tenté de jouer double jeu en cherchant à conclure un accord avec les services secrets ukrainiens.

Double jeu

  • Le mercenaire aurait proposé de révéler les positions occupées par l’armée russe, en échange d’une évacuation totale de Bakhmout. Ce qui lui aurait offert une victoire facile à présenter au crédit de ses propres troupes, tout en mettant en danger des soldats russes réguliers.
  • Selon ces nouvelles révélations apparemment issues des documents classifiés américains qui ont fuité sur Discord, Prigojine a entretenu des contacts au sein de la direction du renseignement militaire ukrainien depuis le début de la guerre.
  • Attention toutefois que certaines de ces révélations semblaient avoir été « embellies » par l’auteur présumé des fuites, Jack Teixeira. Et en général dans un sens qui avantageait le Kremlin. Mais selon le Washington Post, deux fonctionnaires ukrainiens ont confirmé que Prigojine s’était entretenu à plusieurs reprises avec les services de renseignement de leur pays.

Dans le collimateur de Poutine ?

Les conséquences : on ne peut pas rayer des possibilités une tentative de manipulation, de la part des Ukrainiens comme d’une faction au sein du gouvernement russe. Mais de toute évidence, Prigojine n’était déjà plus en grâce au Kremlin, et cette suspicion de double jeu ne fait qu’enfoncer le clou.

  • La semaine dernière, celui-ci a menacé le gouvernement russe de procéder à un repli à Bakhmout s’il ne recevait pas plus de munitions, ce qui aurait mis en péril le dispositif de l’armée russe sur le front.
  • La situation militaire reste confuse dans la région, avec des annonces de retraite russe difficiles à vérifier.
  • Si ces contacts avec les Ukrainiens sont véridiques – ou si on y croit à Moscou – le chef des mercenaires pourrait en tout cas se retrouver dans une situation encore plus délicate qu’aujourd’hui, alors que ses ambitions politiques semblent inquiéter de plus en plus Vladimir Poutine. Or, vu le sort que le président russe semble réserver à ses rivaux et ses opposants internes, Prigojine ferait bien de se tenir éloigné des fenêtres.
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