Neutre depuis des décennies, la Finlande vient tout juste d’intégrer l’OTAN, face à une menace russe de plus en plus oppressante. Des craintes qui se reflètent dans les votes des Finlandais : d’anciens officiers militaires sont catapultés parlementaires.
Les temps changent en Finlande : d’anciens officiers militaires entrent au parlement, tandis que la droite dure s’installe au gouvernement
Pourquoi est-ce important ?
Une des raisons avancées par la Russie pour justifier son attaque de l'Ukraine était d'éviter une expansion de l'OTAN à ses frontières. Des propos qui ont eu un effet immédiat sur plusieurs de ses voisins, jusqu'à bouleverser des traditions vieilles de nombreuses décennies.Dans l’actu : d’anciens officiers militaires de haut rang deviennent députés.
- Les Finlandais se sont rendus aux urnes début avril afin d’élire leur nouveau parlement.
- Parmi les principaux enjeux, il y avait l’avenir militaire du pays. Cela s’est reflété dans les résultats avec une victoire de la droite, mais aussi avec l’élection d’anciens officiers militaires de haut rang.
Le contexte : la droite dure de retour au gouvernement.
- La sociale-démocrate Sanna Marin ne sera bientôt plus la Première ministre de la Finlande. Premier en 2019, son parti est devenu la troisième force politique du pays suite aux élections législatives du 2 avril dernier.
- Le grand gagnant du scrutin a été le parti de la Coalition nationale, de centre droit, juste devant le Parti des Finlandais, une formation de droite radicale tout juste passée du groupe Identité et Démocratie (extrême droite) à celui des Conservateurs et réformistes au sein du Parlement européen.
- Les deux plus grandes formations politiques finlandaises devraient bientôt s’allier pour former un gouvernement. Cela a été confirmé ce jeudi par le président de la Coalition nationale et probable futur Premier ministre, Petteri Orpo.
- « Il y a bien sûr des différences entre les partis. Et, certainement, comme on le sait, il y a des questions sur lesquelles des visions différentes existent », a-t-il déclaré, évoquant sans le nommer le sujet de l’immigration. « Mais au terme des discussions préliminaires de ces dernières semaines, nous avons collectivement estimé que ces questions pouvaient être réglées. Il n’y a pas de différences insurmontables. »
- Les deux partis s’étaient déjà alliés pour former un gouvernement en 2015 avec le parti centriste. La coalition avait explosé deux ans plus tard, le parti de droite dure étant renvoyé dans les rangs de l’opposition après être devenu plus radical dans son euroscepticisme.
- Cette fois, la Coalition nationale et le Parti des Finlandais devraient s’adjoindre le soutien de deux autres formations de moindre envergure, le parti chrétien-démocrate et le parti populaire suédois de Finlande, qui sont déjà entrés dans des gouvernements de droite par le passé.
- Les négociations débuteront la semaine prochaine.
Une entrée dans l’OTAN à piloter
Le détail : d’anciens officiers militaires parachutés députés.
- Parmi les élus des deux partis qui vont être les têtes de gondole du nouveau gouvernement finlandais, on retrouve un nombre plutôt élevé d’anciens officiers militaires, souligne le Financial Times.
- Cinq députés au sein de la Coalition nationale, et un autre dans le Parti des Finlandais.
- Ce n’est pas la première fois que d’anciens hauts gradés de l’armée finlandaise intègrent le parlement, mais il n’y en avait jamais eu autant.
- « Ce n’est pas normal » d’avoir autant d’anciens officiers mais « la raison est, bien sûr, l’époque dans laquelle nous vivons. Les gens sont très inquiets à propos de la Russie. Les gens comprennent que la Russie est une menace à long terme pour nous », a confié au FT Pekka Toveri, ancien général de division et chef du renseignement militaire désormais reconverti en politique.
Les enjeux : multiples.
- La Finlande partage 1.340 kilomètres de frontière avec la Russie, laquelle a fait savoir à plusieurs reprises qu’elle voyait d’un très mauvais œil son adhésion à l’OTAN.
- C’est d’ailleurs en partie en raison des menaces du Kremlin et du déclenchement de la guerre en Ukraine que les Finlandais ont poussé pour rejoindre l’Alliance.
- Une des premières questions qui arrivera sur la table du parlement et du nouveau gouvernement finlandais concernera les détails exacts de son entrée dans l’OTAN.
- Il s’agira notamment de déterminer si la Finlande dépendra du commandement de Norfolk (USA), ou de celui basé à Brunssum (Pays-Bas).
- Une autre thématique sensible concerne les îles Åland, démilitarisées depuis le 19e siècle. Une partie de l’opinion publique finlandaise souhaite que les décideurs ferment le consulat russe qui s’y trouve et certains plaident même pour une militarisation des îles.
- Désormais, la Finlande devra prendre ces décisions en concertation avec ses nouveaux partenaires au sein l’OTAN, elle qui avait opté pour le non-alignement à la sortie de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui.