DPG Media et Mediahuis risquent aussi des dizaines de millions d’euros d’amendes

Un examen favorable de la marge bénéficiaire que Bpost réalise sur le contrat de distribution des journaux reste la condition du renouvellement du contrat.

Pourquoi est-ce important ?

Le week-end dernier, suite aux récentes révélations de l'audit interne de Bpost concernant le contrat de distribution des journaux, l'opposition a demandé que le contrat actuel soit mis "en attente" et qu'au moins 400 millions soient récupérés auprès de l'entreprise publique. Michael Freilich, député de la N-VA, a calculé que c'est le coût que le gouvernement belge a payé en trop, en raison de la manipulation du contrat. Il souhaite d'ailleurs que l'actuelle présidente de Bpost, la députée PS Audrey Hanard, soit prochainement auditionnée dans l'hémicycle.
  • Pour Bpost, les conséquences sont graves : l’audit montre en effet noir sur blanc ce que l’enquête de l’ABC, le gendarme de la concurrence, examine également, à savoir que le contrat a été truqué. Les contacts fréquents entre les grands éditeurs de journaux, qui sont interdits, en témoignent.
  • Les personnes impliquées ont laissé une trace de courriels et de messages. Le concurrent PPP a fini par être convaincu à ne pas faire d’offre pour le contrat. Les analystes boursiers ont calculé que les amendes pour Bpost pourraient être particulièrement élevées : l’ABC pourrait exiger jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires à titre d’amende.
  • Il en va de même pour DPG Media et Mediahuis, dont le chiffre d’affaires s’élevait l’année dernière à 1,8 milliard d’euros et 1,2 milliard d’euros respectivement : les amendes pour ces deux entreprises pourraient donc facilement atteindre des dizaines de millions d’euros.
  • Il est certain que DPG Media se trouve en mauvaise posture : De Tijd a révélé ce week-end que Christian Van Thillo, le grand patron, Piet Vroman, directeur financier, et Rudy Bertels, directeur des opérations, s’étaient même entretenus avec les dirigeants de Bpost. Officiellement, il s’agissait de la reprise d’Aldipress, mais en réalité, il s’agissait du contrat de la distribution des journaux, écrit le journal.

La transparence

  • Les questions relatives à la transparence ont été rejetées par le porte-parole de DPG Media : « Comme vous le savez probablement déjà, nous continuons à coopérer de toutes les manières possibles avec l’enquête de l’autorité de la concurrence et nous lui fournissons des informations complètes. Nous attendons maintenant les résultats de cette enquête. Dans l’intervalle, nous ne répondrons à aucune question supplémentaire et ne préjugeons donc pas de la suite des événements. »
  • Une attitude frappante, pour ceux qui font le parallèle avec les problèmes que Studio 100, une société de médias rivale, a eus avec le PDG de la filiale Plopsa et ses relations avec le personnel. Dans ce cas, il n’y a pas eu d’enquête judiciaire officielle, ni de préjudice causé aux contribuables et d’amende potentielle de 180 millions d’euros pour l’entreprise. Pendant des jours, les publications de DPG ont continué à parler de cette affaire de Studio 100, sans un mot aujourd’hui sur leurs propres dirigeants dans leurs propres médias (concernant le dossier du contrat de Bpost).
  • Dans le même temps, on entend dire au sein de la Vivaldi que la nouvelle concession de presse ne se fera pas comme ça. Sous la pression du PS, qui tient absolument à conserver les emplois chez Bpost, la concession a déjà été prolongée. Mais en même temps, les socialistes ont accepté de faire une enquête sur la marge nette de Bpost sur ce contrat. En effet, plusieurs anciens cadres de Bpost ont souligné que l’impact net sur l’entreprise était énorme : Bpost conservait chaque année des dizaines de millions d’euros de « bénéfices » sur le contrat, ont-ils affirmé.
  • Des sources haut placées au sein du gouvernement confirment à présent qu’il y aura deux enquêtes : un auditeur externe et la Cour des comptes procéderont à un examen. « Ce n’est que s’il s’avère que tout est en ordre que le contrat sera rétabli », confirment-elles.

(CP)

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