Comment se porte la santé (mentale) de Poutine ? « Il a toujours été paranoïaque »

L’état de santé du dirigeant russe Vladimir Poutine suscite de plus en plus d’interrogations. On dit qu’il se détériore, physiquement et mentalement. Qu’en est-il de ces rumeurs ? Et qu’est-ce que la guerre fait à un homme politique ? Business AM a interrogé Tom Sauer, professeur de politique internationale à l’université d’Anvers.

L’essentiel : un responsable de la sécurité russe, Gleb Karakulov, a récemment fait défection. Il dresse le portrait d’un Poutine paranoïaque. Mais Poutine est lui-même un ancien agent du KGB, et a toujours été paranoïaque, ce qui peut expliquer sa décision de déclencher la guerre. Et les dirigeants occidentaux ont également pris des décisions guidées par la peur.

  • « Il faut toujours faire attention à ce que les transfuges nous disent. Ceux-ci ont parfois leur propre intérêt à exagérer les choses. D’un autre côté, la plupart des informations fournies par Karakulov sont probablement correctes ».
  • Tom Sauer, professeur de politique internationale, décrit la situation : « Même nos chefs de gouvernement sont prudents en ce qui concerne l’utilisation des téléphones portables. Regardez ce qui s’est passé récemment à propos de TikTok [Interdit pour les fonctionnaires dans de nombreux pays suite à des suspicions d’espionnage, NDLR]. Il existe d’autres exemples de paranoïa en politique internationale. Il suffit de penser au président américain Nixon dans les années 1970. Rien de tout cela n’est nouveau.
  • « Poutine a toujours été paranoïaque. Il vient du KGB, il y a une culture du secret là-bas. La décision d’entrer en guerre s’est avérée être un mauvais calcul, c’est lié à cette culture de prise de décision défectueuse, où les services de renseignement russes n’ont probablement pas transmis les meilleures informations à Poutine ».

Un cercle vicieux

  • Le professeur s’explique : « La prise de mauvaises décisions est indissociable de la constitution d’un groupe de béni-oui-oui dans l’entourage du président russe. C’est ce que nous appelons la pensée de groupe, et cela n’est d’ailleurs pas propre à la Russie. Il y a d’autres exemples, comme autour de John F. Kennedy, ce qui a donné la tentative d’invasion de Cuba par l’Amérique en 1961. »
  • « Poutine, quant à lui, pourrait avoir de plus en plus peur de menaces internes, comme d’une tentative de s’en prendre à lui, ou d’un coup d’État. Par conséquent, il aura encore moins de contacts internes et pourra donc prendre encore plus de mauvaises décisions. C’est un cercle vicieux. »

MB

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