Finie et enterrée, la hype des sociétés chèque en blanc : la plus grosse SPAC d’Europe annonce sa dissolution

En plein boom lors de la pandémie, les SPAC ont aujourd’hui perdu en attrait. Elles ne trouvent pas de société à racheter, dans les délais impartis, et remboursent les investisseurs. La plus grande d’Europe, soutenue entre autres par Bernard Arnault, annonce maintenant sa dissolution.

Pourquoi est-ce important ?

Les special purpose acquisition companies (SPAC), aussi appelées "sociétés chèque en blanc", sont des véhicules financiers créés dans le but de racheter une autre entreprise. Les SPAC sont introduits en bourse, puis fusionnent avec une entreprise privée, qui se retrouve ainsi également cotée en bourse. Ce chemin est plus rapide qu'une IPO classique.

Dans l’actu : Pegasus Europe, la plus grosse SPAC d’Europe, annonce la fin de ses activités et sa dissolution.

  • Faute de n’avoir trouvé de société à racheter dans le monde des services financiers, rapporte le Financial Times. Des sources indiquent au journal britannique que des offres ont été faites à plusieurs entreprises, entre cinq et dix entreprises, mais qu’aucun accord n’a pu être trouvé, notamment sur le prix.
  • Les investisseurs et actionnaires seront remboursés, s’ils donnent leur accord à la dissolution. Ils devraient recevoir environ 10 euros par action, soit le prix lors de l’IPO.
  • « La société ne conclura pas de fusion d’entreprise avant la date limite du 3 mai 2023 [et par conséquent] les co-CEO de la société ont recommandé que la dissolution et la liquidation de la société soient proposées lors de son assemblée annuelle », indique Pegasus Europe.

Les détails : la plus grosse SPAC d’Europe.

  • Pegasus Europe avait levé près de 500 millions d’euros (484 pour être exact) lors de son introduction en bourse à Amsterdam, en 2021.
  • Le véhicule était soutenu par des grands noms. Bernard Arnault, via sa holding Agache, avait investi 55 millions d’euros, tout comme Jean-Pierre Mustier, ancien CEO de UniCredit et aujourd’hui président de la Fédération européenne des banques. La société d’investissement française Tikehau Capital et Diego De Giorgi, ancien courtier de Bank of America, avaient injecté le même montant.
    • Agache et Tikehau s’étaient même vouées à investir 100 millions d’euros de plus, chacun.

Le contexte : la hype s’essouffle.

  • En 2020, avec la pandémie, les SPAC avaient le vent en poupe, aux États-Unis et en Europe. Mais depuis, la hype est retombée, en partie à cause de la mauvaise année à la bourse en 2022 et des hausses des taux d’intérêt.
  • Aujourd’hui, de nombreux véhicules voient la date limite pour le rachat d’une autre entreprise approcher à grand pas et annoncent leur dissolution. Les investisseurs américains ont déjà été remboursés de plus de 75 milliards de dollars, lors des six mois passés, rappelle le FT.
  • Mais d’autres SPAC ont réussi leur coup. C’était le cas pour Pegasus Entrepreneurs, qui a fusionné avec Banijay, la société de production derrière l’émission Master Chef, et Betclic, en mai 2022. Le véhicule était aussi soutenu par Arnault, Mustier et Tikehau.
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