L’action Deutsche Bank s’est effondrée ce vendredi, un signe inquiétant sur la santé de cette banque d’importance mondiale à l’approche du week-end. Un scénario digne de Credit Suisse en vue ?
Dans l’actu : Vers 11h vendredi, l’action Deutsche Bank était en chute de 11,23% à Francfort.
- Il s’agit de la troisième perte consécutive en trois jours. Le titre a ainsi perdu plus d’un cinquième de sa valeur depuis le début du mois.
- Les couvertures de défaillance (credit-default swaps, ou CDS) à 5 ans de Deutsche Bank ont augmenté jeudi soir à 175 points de base, contre 142 points la veille, la plus forte hausse de l’histoire de la banque, selon Reuters.
- Or, plus la valeur du CDS est élevée, plus le marché considère que l’émetteur est susceptible de faire défaut.
- En outre, les obligations AT1 de Deutsche Bank ont perdu de leur valeur après que la Suisse a éliminé ces titres de Credit Suisse dans le cadre de l’opération de rachat par UBS.
- Les AT1 ont été « conçues à la suite de la crise financière mondiale, il s’agit d’une forme de dette junior qui compte dans le capital réglementaire des banques. Elles ont été conçues comme un moyen de transférer les risques aux investisseurs et loin des contribuables si une banque a des problèmes », explique Reuters.
- La mauvaise santé de Deutsche Bank se propage aux autres valeurs bancaires, l’indice bancaire Euro Stoxx accusant une baisse de 5,40%.
- Commerzbank, Credit Suisse, Société Générale et UBS ont toutes chuté de plus de 5% vendredi.
À suivre : Se dirige-t-on vers un scénario similaire au Credit Suisse, qui a dû être sauvée par un rachat d’UBS ?
- Pour le moment, les CDS à 5 ans de Deutsche Bank sont encore loin du sommet atteint par Credit Suisse, qui était de 1.194, selon les données de S&P Global.
- Mais Krishna Guhu, stratège chez EvercoreISI, avait prévenu que l’accord UBS-Credit Suisse ne garantit pas pour autant la stabilité du marché : « L’attention du marché s’élargira probablement à d’autres banques européennes plus faibles ainsi qu’aux banques régionales américaines ».
- Mais les analystes étaient déjà conscients des risques de Deutsche Bank, l’une des plus grandes banques européennes, avec pas moins de 1.323,99 milliards d’euros à son actif, selon Insider.
- « Deutsche Bank est sous les feux de la rampe depuis un certain temps, de la même manière que Credit Suisse l’a été », a déclaré à Reuters Stuart Cole, chef macroéconomiste chez Equiti Capital. « Elle a connu plusieurs restructurations et changements de direction pour tenter de retrouver une base solide, mais jusqu’à présent, aucun de ces efforts ne semble avoir vraiment fonctionné. »
- La situation est à suivre de près, alors que les inquiétudes concernant la stabilité des banques européennes et les craintes de contagion persistent chez les investisseurs.
- Pour ne rien apaiser, la Fed a décidé de relever son taux d’intérêt directeur de 25 points de base mercredi, une décision qui pourrait encore renforcer les craintes sur la santé des banques.
- Un oiseau de mauvais augure ? « Dans un environnement économique incertain et avec une confiance des investisseurs qui reste fragile, il y a un risque que les décideurs politiques soient incapables d’enrayer les turbulences actuelles, sans répercussions plus durables et potentiellement sévères au sein et au-delà du secteur bancaire« , avait averti l’agence de notation Moody’s mercredi.