À la bourse, c’est 3-0 pour l’Europe contre les États-Unis, mais Wall Street devrait bientôt faire sa remontada

À la bourse, c’est 3-0 pour l’Europe contre les États-Unis, mais Wall Street devrait bientôt faire sa remontada
Jerome Powell (Fed), Christine Lagarde (ECB) – Getty Images

Les bourses européennes font, en moyenne, mieux que Wall Street, ces derniers mois. Mais la tendance pourrait bientôt s’inverser, et ce à cause de l’inflation persistante et des hausses des taux d’intérêt à venir de la BCE.

Les faits : le marché européen a une longueur d’avance sur le marché américain.

  • Gros début de l’année pour la bourse européenne. L’Euro Stoxx 50 par exemple a gagné plus de 11% depuis le jour de l’an. La version plus large, l’Euro Stoxx 600, a gagné plus de 6%.
    • Dans les capitales, la hausse est similaire. Le CAC 40 et le DAX ont gagné 11% environ.
  • De l’autre côté de l’Atlantique, l’envolée est moins forte. Le S&P 500 n’a gagné que 4% depuis le début de l’année. Le Nasdaq 100 est en hausse de près de 12%. C’est dans les mêmes eaux que certains indices européens, mais le Nasdaq est normalement synonyme de forte croissance, et de plus de volatilité.
  • À plus long terme, la comparaison est encore plus flagrante. En Europe, les cours ont commencé à remonter la pente dès la fin septembre. Entre le 29 septembre et aujourd’hui, l’Euro Stoxx 50 a par exemple gagné plus de 30%.
  • À Wall Street, les cours ont continué à chuter jusqu’à plus tard en octobre. Ils ont remonté la pente après, mais de manière moins linéaire. Entre le 29 septembre et aujourd’hui, le S&P 500 a par exemple gagné 9%, soit trois fois moins bien.
  • Bref, les actions européennes sont dans l’ascenseur, alors que le marché américain a pris les escaliers. Mais cette meilleure performance est-elle partie pour durer ?

La BCE et l’inflation

L’essentiel : une tendance qui va bientôt s’inverser ? C’est ce qu’estime BlackRock.

  • Dans un rapport publié ce lundi, le BlackRock Investment Institute estime que cette sur-performance ne pourra pas durer.
  • En cause : l’inflation et la BCE. Le mois dernier, l’inflation n’a ralenti que de très peu (de 8,6% à 8,5%, en glissement annuel) et l’inflation sous-jacente a continué à augmenter. Ergo : la BCE devra encore tirer fortement sur le frein à main.

« Nous ne pensons pas que cette surperformance soit durable : l’attention du marché se porte désormais sur l’inflation persistante, due à l’augmentation des salaires par les entreprises pour embaucher et conserver leur personnel. De bonnes nouvelles pour l’économie signifient que la Banque centrale européenne doit relever davantage ses taux pour ralentir l’inflation ».

La stratégiste Wei Li dans le rapport de BlackRock, consulté par Business Insider.
  • De bonnes nouvelles sont en fait de mauvaises nouvelles : si l’économie résiste, la lutte contre l’inflation est plus difficile. Selon de nombreux experts, il faut passer par la case « récession » pour calmer l’inflation. Si du côté de l’économie, il y a de bonnes nouvelles, comme le marché de l’emploi qui reste fort ou la consommation qui persiste, la BCE devra continuer à augmenter les taux d’intérêt pour freiner l’économie. Et ça, ce sont de mauvaises nouvelles pour les marchés d’actions, car les investisseurs se tournent alors vers des actifs moins risqués, comme les obligations ou pire, l’épargne.
  • C’est aussi vrai pour les États-Unis et Wall Street, mais la Fed a de l’avance sur la BCE en termes de levée des taux d’intérêt, et le combat pour l’inflation démarre de moins haut : elle était de 6,4% aux États-Unis, au mois de janvier, contre 8,5% en Europe.
  • « La BCE est confrontée à un arbitrage brutal entre une hausse du chômage et une inflation persistante » continue Wei Li. « Nous pensons que la BCE relèvera ses taux jusqu’au milieu de l’année et ne les réduira pas avant le second semestre 2024. » Aux États-Unis, les estimations tablent sur la baisse des taux d’intérêt pour le premier semestre 2024. Ce différentiel pourrait se faire au profit de Wall Street, même si le pic des taux d’intérêt pourrait y être supérieur : 6% aux USA contre 4, voire 5% en Europe.
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