La perpétuelle proximité d’Apple avec la Chine, les problèmes au sein de la chaîne d’approvisionnement, ainsi que plusieurs « erreurs » stratégiques de Tim Cook sont pointés du doigt par les actionnaires.
L’actualité : La National Legal and Policy Center, une association qui promeut l’éthique dans la vie publique par la recherche, l’enquête, l’éducation et l’action en justice et qui est actionnaire d’Apple, s’oppose à la réélection de Tim Cook au poste de PDG.
- Elle demande également aux autres actionnaires de l’entreprise de s’opposer à ce que l’ancien vice-président américain Al Gore siège au conseil d’administration de l’entreprise.
Le détail : la NLPC souhaite qu’Apple fasse preuve d’une plus grande transparence concernant les risques de faire affaire avec la Chine.
- En prévision de l’assemblée annuelle d’Apple qui aura lieu le 10 mars prochain, la NLPC a déposé une résolution baptisée « Communist China Audit« .
- Dans cette dernière, l’association demande à ce que l’entreprise fournisse un rapport annuel détaillé aux actionnaires concernant « la nature et de l’étendue de la dépendance et de la vulnérabilité des activités de l’entreprise vis-à-vis de la Chine communiste ».
- Une demande qu’elle justifie par le fait que la Chine transgresse régulièrement « des droits de l’homme [représente] une menace géopolitique et [est] un adversaire des États-Unis. »
- Elle poursuit dans sa demande : « le rapport doit exclure les informations commerciales confidentielles, mais donner aux actionnaires une idée de la dépendance de la société à l’égard des activités menées au sein du gouvernement chinois communiste et sous son contrôle. »
L’échec de Cook vis-à-vis de la Chine
La demande de non-réélection de Tim Cook à la tête d’Apple s’inscrit dans le même ordre d’idée. Le NLPC reproche en effet au PDG le manque de transparence de l’entreprise concernant ses relations avec l’Empire du Milieu, mais surtout son échec de prise de distance avec le pays.
- L’association estime que le battage médiatique autour de la personne de Tim Cook qui aurait permis à Apple de devenir l’entreprise la plus rentable et la plus précieuse au monde exclut une part importante de son œuvre.
- « Au cours du mandat de M. Cook, Apple a été mêlé à une multitude de scandales éthiques, dont nous parlerons plus en détail ci-dessous. Il s’agit notamment de violations des droits du travail dans des usines chinoises, de liens entre des fournisseurs et le travail forcé des Ouïghours au Xinjiang, et d’écoblanchiment. Malheureusement, M. Cook n’a pas réussi à expliquer de manière adéquate l’implication d’Apple dans ces scandales éthiques ou à fournir une défense. »
- La NLPC reproche également à Cook « une mauvaise gestion des risques dans les politiques de la chaîne d’approvisionnement d’Apple, notamment en ce qui concerne sa dépendance excessive à l’égard des fournisseurs chinois et les relations étroites de la société avec le régime autoritaire de la Chine – des décisions qui ont coûté à Apple entre 4 et 8 milliards de dollars dans le cadre des verrouillages zéro COVID de la nation communiste ».
- Plus largement, l’association pointe du doigt le fait qu’Apple assure publiquement défendre la confidentialité et la sécurité des utilisateurs, mais se lie avec une entreprise qui viole les droits de la vie privée de ces derniers, à savoir Google.
Concernant Al Gore, la NLPC s’oppose à sa réélection au sein du conseil d’administration d’Apple du fait qu’il ne présente « aucune expérience pertinence dans le domaine de la technologie ou des fonctions commerciales essentielles ».
- « Son principal avantage pour le conseil est sa prétendue expertise en matière de changement climatique », indique l’association dans son communiqué. « Cependant, la réputation publique de M. Gore est incompatible avec ses antécédents, son style de vie à forte intensité de carbone et ses investissements réels. Au lieu de cela, il a utilisé son plaidoyer public comme un outil d’enrichissement personnel. De plus, son activisme politique fait peser sur Apple un risque de réputation qui ne vaut pas ses compétences limitées. »
Un chamboulement risqué
Le directeur du NLPC, Paul Cheser, est conscient que de telles demandes peuvent être contre-intuitives, surtout les propositions concernant Tim Cook et Al Gore, alors que l’entreprise reste encore aujourd’hui l’une des plus valorisées au monde.
Cependant, il estime que « les entreprises américaines tardent à reconnaitre la menace chinoise, tout comme les entreprises ont été prises par surprise par l’invasion russe de l’Ukraine et ont dû se démener pour partir soudainement ». C’est pourquoi il préfère prendre les devants, alors que la menace d’une invasion chinoise de Taïwan s’intensifie.