Des avions pour l’Ukraine : le dernier pas que l’Ouest rechigne à franchir

C’est la nouvelle bataille diplomatique pour les Ukrainiens : obtenir des avions capables de faire chanceler la supériorité aérienne russe – qui n’a jamais été totale, mais qui gêne considérablement toute reprise des offensives.

Pourquoi est-ce important ?

Alors que les livraisons de chars d'assaut modernes ont été confirmées, mais doivent encore être menées à bien, Kiev se lance dans une autre offensive diplomatique pour obtenir des avions de combat de quatrième génération, là aussi aux standards de l'OTAN.

Toujours les mêmes craintes de la part des grandes puissances

Dans l’actualité : Biden est catégorique, les F-16 c’est non.

  • Le président américain a rejeté l’idée de fournir à Kiev des avions de combat F-16 dès ce lundi, alors que la diplomatie ukrainienne s’échauffait seulement pour une nouvelle passe d’armes. « Le prochain grand obstacle sera maintenant les avions de chasse », estimait ainsi vendredi dernier Yuriy Sak, conseiller au ministre de la Défense Oleksiy Reznikov.

Macron ne ferme pas la porte, mais tergiverse.

  • Le ministre ukrainien de la Défense est attendu à Paris mardi pour rencontrer le président Emmanuel Macron rappelle The Guardian. Sur les chars, Paris avait contribué à contourner le tabou en promettant des AMX-10 – plutôt un très gros véhicule de combat blindé qu’un char au sens strict – et Kiev espère sans doute faire vibrer à nouveau cette corde.
  • Mais avant que Biden ne soit si catégorique, Macron émettait déjà des réserves. Il a souligné qu’un tel geste dépendrait de plusieurs facteurs, notamment de la nécessité d’éviter une escalade et de l’assurance que ces avions ne « toucheraient pas le sol russe. » Mais aussi que cela n’affaiblisse pas les capacités de l’armée française.
  • En d’autres termes, les mêmes réserves qui ont été exprimées à chaque livraison d’un matériel nouveau à l’Ukraine, qui a pourtant reçu de l’artillerie et des munitions largement capables de frapper au-delà des frontières.

Des petits pays bien moins frileux

Des F-16 et des Mig-29 sur la liste.

Pourtant, là où les grands acteurs de l’Alliance atlantique se font à nouveau frileux, d’autres pays ont déjà déclaré qu’ils étaient prêts à céder des avions.

  • Les Pays-Bas, qui remplacent leurs F-16 par des F-35, les ont déjà mis sur la table, le ministère des Affaires étrangères estimant que la question n’était pas taboue. Ce lundi, le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a toutefois nuancé que l’Ukraine n’avait pas formellement demandé d’avions de combat néerlandais jusqu’à présent. « Il n’y a aucun tabou, mais ce serait un très grand pas en avant. »
  • Le ministre slovaque de la Défense, Jaroslav Nagy, a confirmé les déclarations de son pays datant de décembre : il y a des Mig-29 en Slovaquie qui pourraient très bien être cédés à l’Ukraine. « Les avions se trouvent actuellement dans l’une des bases de la Slovaquie, et pour le moment, nous sommes prêts à discuter du transfert de ces avions vers l’Ukraine. Nous attendons une décision du gouvernement slovaque. »
  • Pour rappel, Bratislava avait été parmi les premières capitales européennes à livrer des chars d’origine soviétique à Kiev, prélevés sur sa petite armée. À l’époque, les grandes puissances occidentales présentaient cela comme un risque de surenchère vis-à-vis de Poutine.
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