Les bons chiffres de la croissance américaine ne doivent pas conduire à l’euphorie

Les bons chiffres de la croissance américaine ne doivent pas conduire à l’euphorie
Joe Biden – Al Drago/Bloomberg via Getty Images

Les données du 4e trimestre 2022 sont formelles : la plus grande économie du monde a enregistré une croissance supérieure aux attentes.

Pourquoi est-ce important ?

L'économie américaine conserve sa marche en avant. De quoi donner encore de la marge de manœuvre à la Réserve fédérale américaine (la Fed), qui doit augmenter les taux d'intérêt pour refroidir l'économie et faire baisser l'inflation. Mais le risque de récession n'a pas disparu.

Dans l’actu : les données du département américain du commerce.

  • L’économie américaine a enregistré une croissance de 2,9% au 4e trimestre 2022, alors que les économistes tablaient sur 2,6%. La consommation est restée stable et l’accumulation des stocks par les entreprises a permis de ne pas trop faire grimper les prix.
  • « Je ne suis pas sûr… que les nouvelles auraient pu être meilleures », a commenté Joe Biden, tout sourire. Une note positive avec pas mal de nuances, toutefois.
  • La croissance de l’économie américaine était encore de 3,2% au 3e trimestre. C’est donc un ralentissement clair et net. L’ensemble de l’exercice n’est d’ailleurs pas mirobolant : sur l’année, le PIB a augmenté de 1 %, alors qu’il avait augmenté de 5,7 % en 2021.
  • Mais ceux qui voyaient une récession pour l’ensemble de l’année 2022 se sont tous trompés.

Le contexte : une plus grande marge de manœuvre pour la Fed.

  • Ce qui est assez remarquable, dans les chiffres, c’est que l’économie américaine résiste dans un contexte peu propice. Car la Fed tente ni plus ni moins de refroidir l’économie pour faire baisser l’inflation : la Fed a augmenté ses taux directeurs de 4%, après plusieurs hausses consécutives de 75 points de base.
  • Mais la résistance de l’économie américaine donne justement de l’eau au moulin des faucons de la Fed, qui estiment que le pic des taux d’intérêt n’est pas encore atteint. Un consensus tablait sur un pic autour des 5%. La question est de savoir si ce rapport change la donne et repoussera ce pic à plus tard.

L’essentiel : le risque de récession augmente.

  • Un indicateur plus important est la demande sous-jacente – les ventes finales aux acheteurs nationaux, à l’exclusion des dépenses publiques : elles n’ont augmenté que de 0,2 %, contre 1,1 % au troisième trimestre.
  • Autre signe de faiblesse, l’investissement fixe a chuté de 6,7 %, l’investissement lié au logement se contractant de 26,7 % sur une base annuelle. Les investissements des entreprises n’ont augmenté que de 0,7 %.
  • En conséquence, les économistes cités par le Financial Times voient la récession pointer le bout de son nez pour les 1er et 2e trimestres de 2023, voire le 3e trimestre, à mesure que la Fed appuiera sur les freins. Le ralentissement pourrait atteindre -0,8%, avec une croissance sur toute l’année 2023 de seulement 0,3%.
  • De son côté, l’Europe semble renouer avec la croissance en ce début d’année. De ce côté de l’Atlantique, la principale source du problème est le prix de l’énergie, qui ralentit. Là aussi, cela donne plus de marge de manœuvre à la BCE.

Zoom avant : les marchés ont bien réagi.

  • Le S&P 500 a gagné près de 1,1% en fin de séance, tandis que le Nasdaq a progressé de 1,76%. Pourtant, le rapport donne plus de grains à moudre pour la Fed, les taux d’intérêt devraient encore grimper.
  • Mais désormais, Wall Street est plus inquiet par rapport à la récession que par rapport à la politique de la banque centrale. Ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle : les marchés réagissent plus en adéquation à l’économie réelle. L’année dernière, chaque mauvaise nouvelle pour l’économie américaine était une bonne nouvelle pour les marchés.
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