Dans un rapport publié dans le cadre de la COP27, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) met en garde contre les possibles dérives autour de l’hydrogène. Celui-ci doit effectivement jouer un rôle clé dans la transition, à condition d’être utilisé à bon escient.
« L’utilisation aveugle de l’hydrogène pourrait ralentir la transition énergétique »
Pourquoi est-ce important ?
Depuis quelques années, un nombre grandissant de pays - dont la Belgique - disent voir dans l'hydrogène une des principales solutions pour la transition verte. Toutefois, il reste un (très) long chemin à parcourir avant qu'il ne puisse pleinement déployer l'incroyable potentiel que certains lui prêtent.L’actualité : l’Irena invite à ne pas faire n’importe quoi avec l’hydrogène.
- Dans un rapport publié à l’occasion de la COP27, l’Irena prévient que « l’utilisation aveugle de l’hydrogène pourrait ralentir la transition énergétique ».
- « Malgré le grand potentiel de l’hydrogène, il ne faut pas oublier que sa production, son transport et sa conversion nécessitent de l’énergie, ainsi que des investissements importants », note-t-elle.
Le détail : selon l’agence, il faut se mettre des priorités.
- Face aux nombreux défis que présente l’hydrogène, l’Irena invite les décideurs à se fixer des priorités claires. Elle leur en soumet deux :
- La décarbonnisation des applications existantes de l’hydrogène.
- L’utilisation de l’hydrogène dans des « grands pôles de demande » difficiles à décarboner et à électrifier, tels que l’aviation, la sidérurgie, le transport maritime et la chimie.
Le rappel utile : l’hydrogène n’est pas vert par nature.
- Si certains pays prônent l’hydrogène vert, d’autres sont parfois plus flous dans leurs intentions. Il est pourtant très important de distinguer cet hydrogène vert de ceux d’une autre couleur.
- L’hydrogène vert est produit à partir d’énergies renouvelables.
- Le noir à partir de charbon.
- Le gris à partir de gaz naturel.
- Le bleu à partir de gaz naturel, avec un système de capture du CO2.
- Le rose à partir d’énergie nucléaire.
- Actuellement, à travers le monde, l’hydrogène reste surtout produit via des combustibles fossiles et particulièrement du gaz, car c’est moins cher.
Une production démultipliée dans les prochaines décennies
Les acteurs : les pays du G7 invités à montrer l’exemple.
- Selon les estimations de l’Irena, l’utilisation d’hydrogène par les pays du G7 pourrait être multipliée par quatre à sept d’ici le milieu du siècle par rapport à 2020. Ces nations ont donc clairement un rôle à jouer.
- « Le G7 a une empreinte économique considérable, puisqu’il représente 30% de la demande énergétique mondiale. Grâce à une action commune et à une collaboration ciblée, il peut être le premier à agir et à déterminer les conditions d’un futur marché de l’hydrogène, conformément au Pacte d’action pour l’hydrogène », a déclaré Francesco La Camera, directeur général de l’Irena.
- Ce pacte, signé en juin dernier par les membres du G7, vise à accélérer le développement de l’hydrogène bleu et vert et des dérivés tels que l’ammoniac.
- En outre, l’Irena enjoint les pays du G7 à partager leur savoir(-faire) et leurs financements avec les autres pays, afin que « le marché émergent de l’hydrogène ait le potentiel d’être plus inclusif, avec des opportunités pour les pays développés et en développement ».
La conclusion : ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
- Si l’Irena met en garde les décideurs, c’est qu’elle croit elle aussi au potentiel de l’hydrogène. Elle espère seulement qu’il sera bien exploité.
- Dans un avant-propos au rapport, Francesco La Camera, cité par CNBC, a ainsi déclaré qu’il était « devenu évident que l’hydrogène doit jouer un rôle clé dans la transition énergétique si le monde veut atteindre l’objectif de 1,5 °C fixé par l’accord de Paris ».