Mardi soir, la Pologne a annoncé qu’un missile s’était écrasé à Przewodow, un village proche de la frontière avec l’Ukraine. Certains accusent la Russie de l’avoir lancé, tandis que d’autres se contentent de dire que le missile était de fabrication russe. Mais la piste d’un projectile de la défense antiaérienne ukrainienne est maintenant privilégiée, y compris par le président polonais.
Probablement d’origine ukrainienne, selon le Premier ministre polonais, l’OTAN et Biden : tout ce qu’il faut savoir sur le missile qui a fait deux morts en Pologne
Pourquoi est-ce important ?
L’article 5 du traité de l’OTAN stipule que si un État membre est victime d’une attaque armée, les autres considéreront cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendront les mesures jugées nécessaires pour venir en aide au pays attaqué. La Pologne est membre de l'OTAN.L’actu : un missile a fait deux morts en Pologne.
- Comme nous vous l’expliquions hier soir, un missile s’est écrasé à Przewodow, dans l’est de la Pologne.
- Le bilan est de deux morts.
Le détail : toutes les versions sont amenées sur la table.
- Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a immédiatement accusé la Russie d’être à l’origine du tir. Il a dénoncé « ’une escalade très importante ».
- Le ministre letton de la Défense est du même avis. « Le régime criminel russe a tiré des missiles qui visaient non seulement des civils ukrainiens, mais ont également atterri sur le territoire de l’OTAN en Pologne », a écrit Artis Pabriks sur Twitter.
- Le ministère russe de la Défense a rapidement démenti, ajoutant voir dans ces accusations une « provocation « .
« Probablement un accident malheureux »
- Du côté polonais, on est déjà un peu plus prudent. Le ministère des Affaires étrangères a identifié le missile comme étant fabriqué en Russie, tandis que le président Andrzej Duda a dit qu’il était « très probablement » de fabrication russe, mais que cela devait toujours être confirmé.
- Cela ne signifie pas forcément qu’il a été tiré par la Russie. Car l’Ukraine dispose elle aussi de stocks d’anciennes armes de fabrication soviétique et russe.
- L’ambassadeur russe en Pologne a toutefois été convoqué par le ministère polonais des Affaires étrangères, qui « a exigé des explications détaillées immédiates ».
- Suite à une réunion d’urgence d’un Conseil polonais de la sécurité nationale, il a été décidé de « relever le niveau d’alerte de certaines unités de combat… et d’autres personnels en uniforme », a déclaré le porte-parole du gouvernement polonais.
- Plus tard dans la journée, le gouvernement polonais a déclaré qu’il s’agissait vraisemblablement d’un missile sol-air ukrainien, tiré pour intercepter les missiles russes qui ont frappé des zones frontalières, et qui aurait manqué sa cible avant de retomber en Pologne.
« D’après les informations dont nous et nos alliés disposons, il s’agissait d’une roquette S-300 fabriquée en Union soviétique, une vieille roquette, et rien ne prouve qu’elle ait été lancée par la partie russe. Il est très probable qu’elle ait été tirée par la défense anti-aérienne ukrainienne. »
Andrzej Duda, président polonais
- Pour le président américain Joe Biden, au vu de sa trajectoire, il est « peu probable » que le missile ait été tiré par la Russie. Il a, en outre, promis de soutenir la Pologne dans son enquête.
- Des responsables américains qui se sont confiés à AP ont indiqué que les premières constatations confirmaient la thèse que ce missile a été tiré par les forces ukrainiennes sur un missile russe.
- D’après l’agence DPA, Biden a lui aussi indiqué aux dirigeants du G7 qu’il s’agissait d’un missile anti-aérien tiré par l’Ukraine, possiblement d’un missile du système S-300 (soviétique).
- Cette hypothèse également partagée en masse par des comptes russes sur les réseaux sociaux. L’Ukraine l’a réfutée.
- Enfin, en France, l’Élysée a appelé à « la plus grande prudence » sur l’origine du missile, « beaucoup de pays » de la région disposant du même type d’armement. Emmanuel Macron a également annoncé que la France était prête à participer à l’enquête.
Et maintenant : des réunions partout.
- À Bruxelles, une réunion d’urgence présidée par le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg va se tenir dès ce mercredi matin entre les ambassadeurs de l’Alliance.
- Le président polonais a indiqué qu’il songeait à activer l’article 4 du traité de l’OTAN. Celui-ci stipule que des consultations peuvent être organisées lorsqu’un membre de l’Alliance estime que son « intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité » sont menacées.
- À Bali, où sont réunis les dirigeants du G20, une réunion d’urgence s’est déjà tenue entre représentants du Canada, du Conseil européen, de la Commission européenne, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, des Pays-Bas, de l’Espagne, du Royaume-Uni et des États-Unis.
- Ces pays ont jugé préférable de ne pas s’exprimer trop vite sur l’origine du tir.
- À New York, lors de la session du Conseil de sécurité de l’ONU de ce mercredi après-midi, le représentant de la Pologne, Krzysztof Szczerski, présentera la position de son pays.