Zelensky présente la « formule ukrainienne pour la paix », tandis que les USA nient mener des négociations secrètes avec Poutine

Zelensky enchaine sa visite triomphale dans Kherson libérée avec l’affirmation, devant un G20 tout ouïe, de la détermination sans faille de l’Ukraine à repousser les Russes avant d’envisager toute paix. Mai le but est que celle-ci soit durable et pas un simple sursis.

Pourquoi est-ce important ?

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est sans doute l'homme d'État le plus attendu à la réunion du G20, en Indonésie. C'est d'autant plus le cas maintenant que l'Ukraine vient de remporter une nouvelle grande victoire à Kherson, libérant toute la rive ouest du Dniepr de l'occupation russe.

Les faits : le président ukrainien a présenté une « formule ukrainienne pour la paix » qui détaille sous quelles conditions la paix considérera que sa sécurité sera garantie face à l’agresseur russe. Il ne s’agit pas tant d’une ouverture à des négociations qu’une liste de buts de guerre destinés à garantir l’existence d’une Ukraine libre. C’est une preuve de plus de la détermination des Ukrainiens.

Les solutions de Zelensky pour « La paix pour l’Ukraine, l’Europe et le monde » :

  • Sécurité nucléaire et face aux dangers radioactifs.
  • Sécurité alimentaire.
  • Sécurité énergétique.
  • Libération de tous les prisonniers et déportés.
  • Mise en œuvre de la Charte des Nations unies et restauration de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et de l’ordre mondial.
  • Retrait des troupes russes et cessation des hostilités.
  • Rétablissement de la justice.
  • Lutte contre l’écocide.
  • Prévention de l’escalade.
  • Fixation de la fin de la guerre.

« L’Ukraine a toujours été un leader dans les efforts de maintien de la paix, et le monde l’a vu. Et si la Russie dit qu’elle veut soi-disant mettre fin à cette guerre, qu’elle le prouve par des actions. Nous ne permettrons pas à la Russie d’attendre, de renforcer ses forces, puis d’entamer une nouvelle série d’actes de terreur et de déstabilisation mondiale. Il n’y aura pas de Minsk-3, que la Russie violera immédiatement après l’accord. »

Volodymyr Zelensky sur sa chaine Telegram

Le contexte : l’armée russe a été contrainte à l’évacuation de ses dernières positions à l’ouest du Dniepr, et en particulier de la ville de Kherson, que le président ukrainien a visité ce lundi. C’est une grande victoire pour les Ukrainiens après une bataille qui a duré des mois. Et une catastrophe pour Moscou, qui perd là une autre part conséquente de ses conquêtes.

  • Après une série de référendums de pacotille sans la moindre valeur juridique et encore moins démocratique, la Russie avait annoncé l’annexion des territoires ukrainiens occupés, dont Kherson. Une manière de « sacraliser » la région en la considérant comme un territoire national russe. Un chantage à la surenchère, jusqu’à la suggestion du recours au nucléaire, qui s’est avéré n’être qu’un nouveau bluff.
  • À la guerre, une trêve ou un armistice soulage d’abord le belligérant le plus en difficulté. Ça n’est certainement pas l’Ukraine, qui n’a aucun intérêt à laisser la Russie souffler et rassembler ses forces. L’armée de Kiev doit garder l’initiative. D’autant que Vladimir Poutine a toujours fini par violer les accords de paix auxquels il avait souscrit.

Le détail : une fuite – vraisemblablement russe, selon The Guardian – suggère que la CIA menait des négociations secrètes avec la Russie pour des pourparlers de paix, sans représentant ukrainien.

  • Une accusation qui a été vigoureusement démentie ce lundi par la CIA. Son directeur, Bill Burns, a bien rencontré son homologue russe Sergueï Narychkine à Ankara lundi, mais le service a déclaré que le principal objectif de la rencontre était de transmettre « un message sur les conséquences de l’utilisation d’armes nucléaires par la Russie » et de discuter du cas des Américains détenus dans le pays.
  • Faire circuler des rumeurs de négociations de paix n’est favorable qu’à la Russie. Elle peut ainsi tenter de semer la discorde entre l’Ukraine et ses alliés, jouant sur la lassitude des populations d’Europe occidentale qui craignent pour leur approvisionnement occidental.
  • Le Kremlin espère aussi sans doute enrayer les offensives ukrainiennes avant de perdre toutes ses conquêtes. Un signe que militairement, la Russie est dans une situation des plus délicates.
Plus