Après un Comité de concertation sur la réserve qui a été largement commenté, la poussière retombe et on y voit un peu plus clair sur les mesures supplémentaires qui pourront être prises. On en connait aussi les limites, à l’approche d’un difficile exercice budgétaire.
Ce qui a été décidé
Invités respectivement sur Bel-RTL ce vendredi matin et sur Jeudi en Prime (RTBF), le Premier ministre et la ministre de l’Énergie sont venus apporter des précisions, histoire de couper l’herbe sous le pied à la polémique. Beaucoup d’éditorialistes ont vu dans le Codeco de mercredi un aveu d’impuissance de l’État belge.
- Pour Alexander De Croo, il ne faut pas oublier que « 4 milliards d’euros d’aides ont déjà été prises ». Cela concerne le tarif social étendu, qui profite à 2 millions de personnes en Belgique. Cette mesure a été prolongée jusqu’en mars 2023, ce mercredi.
- Il y a aussi la baisse de la TVA à 6% sur le gaz et l’électricité. Une mesure qui sera aussi prolongée jusqu’en mars. Le Premier ministre y ajoute la baisse des accises sur les carburants qui permet de limiter le prix à la pompe. La ministre de l’Énergie parle également des primes-énergie, dont le montant – autour des 100 euros pour l’électricité, 225 euros pour le mazout – peut paraitre dérisoire. « C’est vrai, mais 300.000 familles n’ont toujours pas demandé leur aide de 100 euros. Elles doivent le faire », insiste l’écologiste (électricité et mazout).
Ce qui est en approche
- Comme pendant la crise sanitaire, les banques pourraient suspendre les remboursements hypothécaires durant un certain temps, « pendant les mois d’hiver par exemple », précise le Premier ministre. « Nous discutons avec les banques et c’est en bonne voie. »
- Au niveau de la TVA à 6%, le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit) a expliqué hier qu’elle serait prolongée indéfiniment. Le Premier ministre rappelle qu’il faut d’abord mettre sur pied une réforme des accises pour une TVA dite « intelligente ». Alexander De Croo explique qu’une TVA « est toujours binaire, à 6 ou 21%, les accises permettent d’agir de manière plus flexible ». Ce sont la ministre de l’Énergie et le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V) qui sont chargés de mettre la réforme sur pied.
- Des discussions ont lieu pour encore étendre le tarif social, à la classe moyenne inférieure. Si on comprend bien les mots du Premier ministre, on sent que cette extension est directement conditionnée aux surprofits du secteur énergétique. La ministre de l’Énergie a précisé qu’on récoltait déjà 700 millions d’euros via la taxe nucléaire. Un récent rapport de la CREG estime qu’Engie a fait 2 milliards de surprofits sur les réacteurs qui ne seront pas prolongés. Toute la difficulté est de faire cracher encore un peu plus d’argent à l’entreprise française, ce qui est compliqué quand on négocie pour prolonger deux réacteurs dans le même temps. Mais les surprofits de l’énergie vont au-delà du nucléaire: le gouvernement veut aussi aller chercher ces surprofits dans le secteur du pétrole, du gaz et même du renouvelable.
- Tout le monde le sait: la grande solution viendra de l’Europe. C’est vrai pour le plafonnement des prix de l’énergie et pour le découplage des prix de l’électricité et du gaz sur le marché de gros. Une réunion est attendue le 9 septembre entre les ministres de l’Énergie européens. La Commission doit également faire des propositions. Alexander De Croo mise beaucoup sur cette solution: « Nous sommes un marché de 450 millions de personnes dans l’UE. A un certain moment, nous devons dire stop, ensemble: ‘Nous ne sommes plus disposés à payer notre énergie à un tel prix' ». Si un accord ne pouvait être dégagé entre les 27, le Premier ministre n’exclut pas d’avancer avec ceux qui le veulent.
Ce qui n’arrivera pas
- Les entreprises sont pour le moment les grandes oubliées des aides du gouvernement. Au contraire de la crise du Covid, ou toute une série de mesures avaient été mises en place comme le chômage temporaire, la prime corona, le report des loyers ou encore le droit passerelle. Le tout avait coûté quelque 15 milliards d’euros aux autorités publiques. Le Premier ministre a fait comprendre qu’on ne pourrait plus s’engager sur un tel montant et veut cette fois des mesures plus ciblées. « Toutes les entreprises ne croulent pas sous la facture d’énergie, il s’agit surtout de petites entreprises, par exemple des boulangeries. » Il rencontrera les représentants des employeurs et des indépendants ce lundi pour discuter des réels besoins.
- Le fait est que la Vivaldi fait face à un double exercice budgétaire le mois prochain, avant le discours de rentrée Premier ministre au parlement, le 2e mardi d’octobre. Il est prévu d’établir le budget pour 2023 et 2024. Le Premier ministre dit vouloir tenir compte de la situation de crise, mais son gouvernement, et son parti en particulier, se sont engagés à redresser les finances publiques d’ici la fin de la législature.