Dans une étude, l’OCDE et l’AIE passent les différents subsides publics aux énergies fossiles d’une cinquantaine de pays au peigne fin. Entre 2020 et 2021, ils ont doublé, alors que ces pays veulent se débarrasser de ces énergies polluantes. Chose que ces deux organisations ne voient pas d’un bon oeil.
De 362,4 à 697,2 milliards de dollars. Les subsides publics alloués aux énergies fossiles, dans 51 pays qui représentent 85% de l’offre d’énergie mondiale, ont quasi doublé entre 2020 et 2021. C’est ce que constate l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans une étude, menée en collaboration avec l’OCDE. Pour 2022, l’AIE s’attend à une nouvelle augmentation, au vu de la crise de l’énergie.
En détail, dans les pays du G20, des transferts budgétaires et allégements fiscaux ont représenté 190 milliards de dollars, contre 147 en 2021. Le soutien direct des producteurs a atteint un niveau jamais observé auparavant : 64 milliards de dollars, soit 50% de plus qu’en 2020. Une partie de ces subsides ont été mis en place pour équilibrer les pertes des producteurs suite à des plafonds des prix, en fin d’année. Les aides pour les consommateurs ont atteint 115 milliards de dollars, contre 93 en 2020.
L’AIE de son côté calcule les subsides « en comparant les prix sur les marchés internationaux et les prix payés par les consommateurs nationaux qui sont maintenus artificiellement bas par des mesures telles que la réglementation directe des prix, les formules de fixation des prix, les contrôles ou les taxes aux frontières et les mandats d’achat ou d’approvisionnement national ». Dans les 42 pays que l’organisation a passés au crible, ces subsides adressés in fine aux consommateurs ont atteint 531 milliards, soit le triple de l’année d’avant.
Objectif de réduction des émissions
Les pays se sont engagés à réduire leurs émissions de CO2. L’UE prévoit notamment de réduire les émissions de 30% en 2030, et d’être « neutre en carbone » en 2050. Lentement, les énergies fossiles comme le charbon, le pétrole et le gaz doivent être éliminées. Une telle augmentation des subsides peut donc paraître contradictoire à ces objectifs.
« Les subventions aux combustibles fossiles constituent un obstacle à un avenir plus durable, mais la difficulté pour les gouvernements de les supprimer est mise en évidence en période de prix élevés et volatils des carburants. Une augmentation des investissements dans les technologies et les infrastructures d’énergie propre est la seule solution durable à la crise énergétique mondiale actuelle et le meilleur moyen de réduire l’exposition des consommateurs aux coûts élevés des carburants », analyse le directeur de l’AIE, Fatih Birol.
« L’OCDE et l’AIE n’ont cessé d’appeler à la suppression progressive des aides inefficaces en faveur des combustibles fossiles et à la réorientation des fonds publics vers le développement d’alternatives à faible émission de carbone, parallèlement à l’amélioration de la sécurité énergétique et de l’efficacité énergétique. Les subventions destinées à soutenir les ménages à faible revenu ont souvent tendance à favoriser les ménages plus riches qui utilisent davantage de combustible et d’énergie et devraient donc être remplacées par des formes de soutien plus ciblées », plaident les deux organisations.