L’OPEP arrive au bout des hausses de production de pétrole, pour revenir au niveau pré-pandémie. Ce mercredi, l’organisation annonce une hausse minime de 100.000 barils par jour en septembre. Pour certains, ce serait un pied de nez à l’Occident, mais en somme, les pays n’ont pas la capacité de produire beaucoup plus.
« Plus de pétrole sur le marché! » était une demande souvent adressée par certains pays à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), afin de faire baisser les prix actuellement très élevés des carburants. C’est qu’avec la chute de la demande en plein confinement, les 13 pays membres et les 10 autres partenaires (OPEP+), qui produisent 40% de la consommation mondiale de pétrole brut avaient fortement baissé leur production. Depuis, tous les mois, ils augmentent leur quota de production, jusqu’à 430.000 barils supplémentaires par jour sur le marché, à leur rythme, faisant fi de ces demandes.
Pour août, une hausse plus élevée était prévue, de plus de 600.000 barils par jour. Pour de nombreux analystes, il devait s’agir de la dernière de ces tranches. Mais ce mercredi l’OPEP s’est réunie afin d’évoquer la production du mois de septembre, et les dirigeants annoncent une ultime hausse de 100.000 barils par jour en septembre.
86 secondes
Une telle hausse est en fait infime. Cette quantité équivaut à ce que le monde consomme en 86 secondes, précise Reuters. Raad Alkadiri, analyste pour Eurasia Group, interrogé par l’agence de presse, n’hésite pas à qualifier cette hausse « d’insulte politique ». Elle intervient en effet après la visite du président américain Biden en Arabie Saoudite, plus grand producteur de pétrole de l’organisation et du monde, et celle de Mohammed Ben Salmane, le prince héritier du pays, en France.
Biden et Macron ont tous deux demandé à Ben Salmane, accusé par l’Occident d’avoir commandité le meurtre sanglant du journaliste Jamal Khashoggi, d’augmenter la production de pétrole. A Biden, le dirigeant a annoncé augmenter la production de son pays d’un million de barils par jour, à long terme. Les États-Unis, de leur côté, ont débloqué des livraisons de systèmes antimissiles pour le Royaume, mais d’autres livraisons d’armes sont encore en suspens.
Capacité limitée
Que la hausse minime de la production de l’OPEP+ soit un pied de nez à l’Occident ou non, une plus importante augmentation de production ne semblait en tout cas pas probable ni même possible. D’un côté, la fin des hausses post-pandémiques était déjà plus ou moins actée, car les quotas de production sont redevenus ce qu’ils étaient avant la baisse.
D’un autre côté, les pays membres n’auraient pas la capacité d’extraire davantage de pétrole. Même ces 400.000 barils par jour des mois précédents n’ont quasiment jamais été atteints. Pour le mois de juin par exemple, l’écart entre la production effective et les quotas était de trois millions de barils par jour, selon Reuters. Certains pays produisent par exemple moins à cause des sanctions, et d’autres produisent moins à cause d’un manque d’investissements. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis seraient les seuls à avoir la capacité de produire plus, même si tous les observateurs ne sont pas d’accord avec cette assertion.
Bref, les prix du pétrole sont encore loin d’un retour vers les tarifs d’avant la guerre en Ukraine. L’annonce de cette hausse minime se traduit d’ailleurs par une très légère augmentation des prix. Le Brent se maintient au-dessus des 100 dollars à l’heure d’écrire ces lignes.