La Commission européenne présentait ce mercredi son plan REpowerEU, censé assurer notre transition énergétique et tourner la page des énergies fossiles russes. Les contours sont encore flous, mais l’intention est là. L’UE veut agir de manière groupée pour réduire les prix et éviter une concurrence intérieure malsaine entre les 27.
« La guerre de Poutine perturbe considérablement le marché énergétique. Elle a montré à quel point nous sommes dépendants et vulnérables », reconnait Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission.
« Il faut réduire notre dépendance aux énergies fossiles russes, et ce processus a d’ailleurs déjà commencé », se félicite la présidente. « Nous importions 40% de notre gaz depuis la Russie l’année dernière. En avril, nous avons baissé cette proportion à 26% ».
L’UE veut donner un coup de boost au Green Deal, qui vise à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030. Ce « turbo », c’est le plan REPowerEU, « un plan qui est encore plus ambitieux, à une tout autre échelle », explique von der Leyen.
Concrètement, il doit agir sur la demande (efficacité énergétique et baisse de la consommation européenne), l’offre (en diversifiant les sources d’approvisionnement des énergies fossiles) et la transition vers les énergies renouvelables.
Éoliennes et panneaux solaires
Pour accélérer la transition, l’UE envisage plusieurs pistes concrètes, comme l’accélération de l’octroi des permis, souvent bloqués par des recours sans fin. « Je vais vous donner un exemple: pour construire une éolienne, il faut entre 6 et 9 ans. Nous voulons mettre en place des procédures qui ne dureront plus qu’un an », plaide la présidente. Ce temps est de 4,5 ans en moyenne pour les centrales solaires.
Une méthode qui pose quelques questions: le montage d’une éolienne doit, entre autres, faire l’objet d’une étude d’incidence environnementale, par exemple pour les oiseaux. Beaucoup d’environnementalistes sont inquiets face à ce qui serait une régression des critères écologiques au profit de l’énergie. Il en va de même des associations citoyennes qui militent contre la mise en place de telles éoliennes pour leurs nuisances. Mais l’UE dit vouloir surtout accélérer les procédures administratives, faciliter les connexions au réseau et conseiller les États en proposant des zones stratégiques où implanter ces éoliennes, des zones « proches du rail ou de la route », des « zones industrielles », ou encore des « parkings et des toits ».
« Nous n’allons pas diluer les protections en place, seulement agir différemment de manière plus efficace », a tenté de rassurer la Commissaire à l’énergie, Kadri Simson.
La Commission veut rendre les panneaux obligatoires sur tous les bâtiments publics et commerciaux de l’UE d’ici 2025. Et sur tous les toits des nouveaux bâtiments résidentiels d’ici 2029. « Je sais, c’est un objectif ambitieux, reconnait la présidente de a Commission, mais c’est une nécessité. »
Le but est aussi de construire plus de panneaux solaires au sein même de l’UE, mais aucun objectif chiffré n’a été avancé.
Marchés communs
Plus fondamentalement, la Commission veut mettre en place une plateforme d’achat groupé pour le GNL et par la suite l’hydrogène. L’UE veut en fait un mécanisme de marché public commun pour éviter que les États se fassent concurrence à l’intérieur de l’UE. « Ensemble, nous serons plus forts », a martelé von der Leyen.
En tout, REPowerEU sera un investissement de 300 milliards d’euros. 72 en subventions et 228 milliards sous forme de prêts, comme lors de la crise sanitaire. 10 milliards iront vers les chainons manquants et les infrastructures pour le GNL, « pour qu’aucun pays ne soit oublié ». 2 milliards iront aux infrastructures pétrolières pour se passer définitivement du pétrole russe. Tout le reste ira à la transition énergétique, conclut la présidente.
L’objectif de l’UE est de réduire d’un tiers ses importations de gaz russe d’ici la fin de l’année, et de s’en passer d’ici 2029, a ajouté Frans Timmermans, vice-président de la Commission.
Le renouvelable doit passer à 45% de toute l’énergie produite en 2030. À eux deux, l’éolien et le solaire doivent passer de 33 à 67% de cette énergie renouvelable. À terme, le solaire doit fournir la moitié de l’énergie renouvelable du Vieux continent, a plaidé la Commission.