Une première en 20 ans : pourquoi l’euro se rapproche inévitablement du dollar

Une question de temps. Un euro devrait valoir un dollar dans les 6 prochains mois, selon un nombre croissant d’analystes. Ce n’était plus arrivé depuis sa création en 1999.

Peu après sa création, l’euro est tombé en dessous de la valeur du dollar. Un chemin qui s’est inversé en 2002 après la croissance rapide de son adoption internationale. Depuis, l’euro a toujours dominé le dollar. C’est en train de changer dans l’autre sens.

Des analystes de chez Amundi ou HSBC prédisent une parité entre les deux monnaies avant la fin 2022. Et les fonds spéculatifs parient même dessus: au cours du mois dernier, 7 milliards de dollars ont été investis dans des options sur la parité.

Pourquoi ?

Les raisons sont à trouver tant dans la faiblesse de l’euro que dans la force du dollar, analyse Bloomberg. La Réserve fédérale américaine, qui continue à augmenter les taux d’intérêt plus fortement que ses homologues, contribue à renforcer le dollar, qui en temps de crise, est toujours considéré, plus que les autres monnaies, comme une valeur refuge. C’est le retour du roi dollar, qui a déjà été enterré tant de fois. Alors que les marchés d’actions, plus risquées, souffrent, le dollar est lui vu comme plus rassurant.

De son côté, la Banque centrale européenne tergiverse toujours. À cet égard, le discours de Christine Lagarde prévu ce jeudi, sur le compte-rendu de la réunion de la BCE, sera très attendu. Car l’UE fait face à un dilemme encore plus important que la Fed. Le FMI a encore abaissé ses perspectives de croissance en 2022, à 2,8%, dans la zone euro. Si bien que, face à la menace d’une récession, l’institution monétaire sera encore plus prudente, malgré des pressions en interne pour agir.

Dettes

Comme le rappelait la semaine dernière Vincent Mortier, analyste chez Amundi, dans le Financial Times, le maintien de l’inflation autour des 2% n’est pas la priorité de la BCE. Il ne s’agit en fait que de son 3e mandat en ordre d’importance, après le maintien de la croissance et l’intégrité de la zone euro qui vise à limiter les écarts de coûts d’emprunt entre les États membres. Relever les taux d’intérêt en vue de lutter contre l’inflation pourrait cause des dommages économiques considérables pour des États surendettés comme l’Italie.

Une hausse de 25 points de base des taux d’intérêt est attendue dans le courant de cette année, peut-être dès l’été. En attendant, les obligations sont toujours délaissées, mais le marché des devises pourrait commencer à prendre en compte les risques liés à la dette de la zone euro, selon les stratèges de HSBC. L’écart entre les rendements italiens et allemands – considéré comme une jauge de risque – a dépassé 200 points de base ce mois-ci pour la première fois depuis les premiers jours de la pandémie, écrit Bloomberg.

La semaine dernière, 1 euro valait 1,03 dollar, son plus bas en 5 ans. Si la guerre en Ukraine venait à s’éterniser, avec des risques pour l’approvisionnement en pétrole et en gaz, la parité entre le dollar et l’euro est de plus en plus probable d’ici la fin de l’année.

« Nous avons du mal à voir une lueur d’espoir pour la monnaie unique à ce stade », ont écrit les stratèges de HSBC. Perte de croissance et inflation, « c’est un cocktail désagréable à digérer pour toute monnaie ».

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