Une nouvelle théorie – qui a le mérite d’être originale – tente d’expliquer le problème de l’expansion continue de notre univers et, au passage, livre une autre version du scénario de la disparition des terribles sauriens.
La fin du long règne des dinosaures sur notre planète nous fascine, sans doute car nous avons peur d’un jour vivre le même genre de point final et définitif. Et cet intérêt ne s’émousse pas, les nombreux films et documentaires mettant en scène ces terribles sauriens en témoignent, malgré que nous faisons très régulièrement de nouvelles découvertes sur cette période.
Il faut dire que l’histoire de la chute des dinosaures n’est pas entièrement écrite – et ne le sera probablement jamais. La majorité du monde scientifique s’accorde sur un consensus : l’extinction massive de la fin du Crétacé a été majoritairement provoquée par l’impact d’un astéroïde dans l’actuel Yucatán, il y a de cela 66 millions d’années, même si la thèse d’éruptions volcaniques en chaine n’est pas tout à fait abandonnée.
Jouons avec les lois immuables de l’univers…
Mais peut-être peut-on remonter bien plus loin la chaine de conséquences qui a provoqué la disparition des dinosaures – ainsi que des trois quarts des formes de vie terrestres. C’est en tout cas la thèse du professeur Leandros Perivolaropoulos, de l’université de Ioannina en Grèce : celui-ci cherchait à réconcilier rien de moins que les différentes méthodes utilisées pour calculer la constante de Hubble, soit la vitesse d’expansion de notre univers. Deux méthodes prédominent pour y arriver : mesurer la distance et la vitesse des galaxies proches, des quasars et des supernovae, soit observer le fond diffus cosmologique, qui nous montre le taux d’expansion de l’univers primitif, avant d’extrapoler jusqu’à aujourd’hui. Mais les deux méthodes ont pour fâcheuse tendance de proposer des résultats contradictoires.
Des contradictoires que le professeur grec estime pouvoir expliquer en suggérant qu’une augmentation de 10 % de la force de gravité a eu lieu sur 100 millions d’années, se terminant il y a 50 millions d’années. Et dans un article récent – non encore revu par ses pairs – il relie même cet événement qui touche aux lois les plus fondamentales de l’univers avec l’extinction des dinosaures.
… Et provoquons un bombardement météorique sur la Terre
Le changement de la valeur de la gravité modifierait les propriétés des supernovæ (et de tous les objets de l’univers observable, en fait), ce qui expliquerait les divergences entre les mesures de l’univers primitif et celles de l’expansion actuelle, résume (grandement) le site de vulgarisation scientifique IFLscience. Mais un tel phénomène physique aurait d’autres conséquences, anecdotiques à l’échelle de l’univers, mais beaucoup pour notre planète.
L’article suggère qu’une augmentation de 10 % de la gravité perturberait le nuage de Oort – un immense champ de milliards d’objets glacés aux confins de notre système solaire – et provoquerait le mouvement d’astéroïdes vers les planètes intérieures à un rythme accru. Un phénomène qui, selon le scientifique grec, peut être observé dans les archives géologiques: « Une augmentation soudaine de la constante gravitationnelle d’environ 10 %, il y a moins de 100 millions d’années, peut justifier le taux observé d’impacteurs à la surface de la Terre et de la Lune, qui semble avoir été multiplié par deux ou trois au cours des 100 derniers millions d’années et qui pourrait être lié à l’extinction du Crétacé-Tertiaire (K-T), qui a éliminé 75 % de la vie sur Terre (dont les dinosaures). Si une telle transition gravitationnelle a effectivement eu lieu, elle devrait avoir laissé des signatures dans un large éventail de données astrophysiques et géophysiques. »
Une simple piste théorique
En résumé, des perturbations à l’échelle des lois – supposées immuables – de la physique permettraient d’expliquer les paradoxes de l’extension de notre univers et, accessoirement, auraient au passage causé une extinction massive sur Terre. Il est d’ailleurs vrai que, outre le terrifiant cratère de Chicxulub considéré comme le stigmate de l’impact fatal aux reptiles géants, la Terre semble bien avoir enduré une série de collisions avec des objets très massifs durant cette période, en Ukraine et en mer du Nord, qui peuvent avoir aussi contribué à l’extinction.
Il n’empêche que jusqu’à présent, c’est théorie n’est que ça : une théorie, qui a l’originalité pour elle, mais encore bien trop peu étayée ou acceptée pour rajouter tout un prélude physique et universel à la saga de la fin des dinosaures.