Le moins que l’on puisse écrire, c’est que le patron de JP Morgan n’est pas très optimiste quant à la situation économique. La longue période d’inflation, boostée par la guerre en Ukraine, n’aurait pas encore dévoilé tous ses méfaits.
Dans une lettre adressée à ses actionnaires, Jamie Dimon estime que la guerre Ukraine ralentira considérablement l’économie mondiale et même américaine.
JP Morgan a établi quelques prévisions:
- D’abord pour la Russie, qui devrait voir son PIB se réduire de 12,5% d’ici la moitié de l’année.
- Quant à l’Europe, JP Morgan table sur une croissance autour des 2%, contre 4,5% en moyenne il y a encore 6 semaines.
- Les États-Unis sont plus protégés et moins affectés par l’inflation des énergies fossiles russes et verraient leur PIB chuter de 3 à 2,5%.
Nouvelles sanctions
Mais ces différents scénarios ont été établis sur base d’un certain statuquo. Or, depuis les images des atrocités perpétrées par l’armée russe dans la ville de Boutcha, près de Kiev, tant l’Europe que les États-Unis se préparent à de nouvelles sanctions.
Cette « incertitude » concernant le conflit, en plus des autres vents contraires – inflation des matières premières, crise de la chaine d’approvisionnement, ralentissement des programmes d’aides pour lutter contre la pandémie, hausse des taux d’intérêt – nous mène dans une situation « explosive », estime Dimon.
« L’Amérique doit être prête pour la possibilité d’une guerre prolongée en Ukraine avec des résultats imprévisibles », a-t-il écrit. « Nous devons nous préparer au pire et espérer le meilleur ».
Hausse des taux
Le PDG de JP Morgan s’attend à une réaction plus forte de la Fed concernant les taux d’intérêt. Une hausse a déjà été actée le mois dernier pour lutter contre l’inflation galopante. Jamie Dimon s’attend à une nouvelle hausse, plus forte, de 0,5 point, lors de la prochaine réunion en mai.
La Fed n’a pas augmenté les taux d’intérêt de plus de 0,25% depuis 2000. La Banque centrale américaine elle-même prévoit sept hausses de taux au total d’ici la fin de l’année, pour un taux cible compris entre 1,75% et 2,00%. Les marchés s’attendent à une hausse qui ferait grimper le taux directeur à 2,5%.
1 milliard de dollars
Concernant JP Morgan, les sanctions contre la Russie produisent quelques effets collatéraux. La banque américaine évalue ces effets à 1 milliard de dollars.
Pas de quoi déstabiliser l’institution financière qui a réalisé 48,3 milliards de dollars de bénéfices l’an dernier pour un chiffre d’affaires de 125,3 milliards de dollars, alors même que les taux d’intérêt étaient au plus bas.
Jamie Dimon le reconnait volontiers: « Si toute cette agitation a de sérieuses ramifications pour notre entreprise, son effet sur le monde – avec l’extrême souffrance du peuple ukrainien et la restructuration potentielle de l’ordre mondial – est bien plus important. »