Nous l’avons déjà écrit: la guerre en Ukraine semble pousser la Finlande et la Suède dans les bras de l’OTAN. Chaque semaine, les deux pays scandinaves semblent faire un pas supplémentaire vers l’Alliance.
Commençons par la Finlande, qui continue de sembler un peu plus prompte à rejoindre l’OTAN que sa voisine. Cette semaine, le président Sauli Niinistö a changé d’avis autour d’un possible référendum. Alors qu’il avait jusqu’alors indiqué qu’il s’agissait d’une étape primordiale pour que le pays entame les démarches pour candidater, il a confié qu’il n’y avait même plus besoin de préparer un tel scrutin pour légitimer une telle décision.
D’après lui, les différents sondages d’opinion organisés ces dernières semaines sont une preuve suffisante de la volonté des Finlandais de rejoindre l’Alliance.
« L’OTAN a besoin de savoir qu’il existe un soutien populaire. Nous l’avons déjà, à mon avis », a déclaré Ninistö au journal suédois Svenska Yle mercredi. « Si ce point de vue est accepté, alors il est accepté que : oui, la majorité pense ainsi [en faveur de l’adhésion]. »
Selon un sondage publié cette semaine par le journal finlandais Helsingin Sanomat, le soutien à l’adhésion à l’OTAN atteint désormais 61%. Un chiffre historique, qui ne fait que grimper depuis le début de la guerre en Ukraine. D’après ce même sondage, seuls 16 % des Finlandais s’opposeraient à l’adhésion.
Passer d’amis à ennemis des Russes
D’après le président finlandais, la situation actuelle est bien différente de celle de 1994. A l’époque, la Finlande avait organisé un référendum consultatif autour de l’adhésion à l’Union européenne. 56,9% s’étaient prononcé « pour ». Dans la foulée, le Parlement finlandais avait voté l’adhésion.
Mais cette fois, Niinistö estime que les sondages montrent déjà clairement la volonté populaire d’entrer dans l’OTAN. Cela pourrait donc suffire à obtenir une majorité des deux tiers au Parlement sur cette question.
Interrogé sur la possibilité que la Russie ne lance une attaque militaire contre la Finlande si le processus d’adhésion à l’OTAN était engagé, le président finlandais a déclaré qu’il ne pensait pas que cela puisse se produire. Vladimir Poutine n’a « jamais » menacé d’attaquer son pays au cours de leurs fréquentes discussions, a-t-il assuré.
Niinistö a toutefois reconnu qu’une telle décision change la perception de la Russie à l’égard de la Finlande, la faisant passer du camp « ami » au camp « ennemi ». Cela pourrait se traduire par une influence hybride, des cyberattaques et des violations de l’espace aérien, a-t-il indiqué.
La Première ministre suédoise prête à changer la ligne de son parti
Du côté de la Suède aussi, on s’ouvre de plus en plus à la question. La Première ministre Magdalena Andersson n’a pas caché ses intentions à l’occasion d’une interview à l’émission 30 Minuter de SVT.
« Je n’exclus en aucun cas l’adhésion à l’OTAN », a-t-elle déclaré, soulignant la nécessité pour la Suède de choisir sa propre politique de sécurité indépendamment des pressions étrangères. « Je veux que nous fassions une analyse approfondie des possibilités que nous avons dans cette situation, des menaces et des risques encourus, afin de prendre la meilleure décision pour la Suède. »
Le parti social-démocrate d’Andersson est pourtant historiquement opposé à l’adhésion à l’OTAN, rappelle Euractiv. Mais s’il est dans l’intérêt de la Suède de ne plus rester à l’écart des alliances militaires, « naturellement » la Première ministre fera pression pour changer la ligne de son parti, a-t-elle expliqué.
Le jour où la Russie a envahi l’Ukraine, Andersson avait pourtant exclu une adhésion à l’OTAN, affirmant que « dans une telle situation, il est crucial que la ligne de la Suède dans sa politique de sécurité reste inchangée », ajoutant une semaine plus tard qu’une candidature à l’adhésion risquait de « déstabiliser » la sécurité en Europe du Nord.
Visiblement, de l’eau a coulé et est toujours en train de couler sous les ponts. La question s’annonce comme l’un des grands thèmes de campagne des prochaines élections législatives du 11 septembre. Le chef de l’opposition conservatrice, Ulf Kristersson, a d’ores-et-déjà annoncé son intention de poser sa candidature s’il obtient la majorité au Riksdag.
Rappelons que, d’après les sondages, les Suédois sont plus frileux que les Finlandais à l’idée de rejoindre l’OTAN. Mais avec la guerre en Ukraine, là aussi, les chiffres augmentent. Dans un sondage réalisé fin mars, 41% des Suédois se sont prononcés « pour », 26% étant contre et 33% étant indécis. L’option « pour » à condition que la Finlande rejoigne elle aussi l’Alliance a par contre affiché 59%