Selon les observateurs militaires qui suivent de près le conflit en Ukraine, les troupes russes, malgré leur supériorité militaire, ont fait preuve d’un amateurisme stupéfiant. La dernière preuve en date : des troupes russes en Ukraine tentent de cacher leurs chars et autres véhicules blindés en utilisant des branches et de la paille. Mais en pratique, il ne trompera pas les systèmes d’armes avancés. Même les filets de camouflage spéciaux sont d’une utilité limitée à l’ère des drones et des images satellites.
Les drones commerciaux et les petits drones tactiques fournis aux Ukrainiens par la Turquie permettent à ces derniers de repérer les unités russes. Cela oblige les soldats russes à recourir à des solutions désespérées, comme équiper leurs véhicules militaires de morceaux d’arbustes ou simplement les faire sortir de la route pour cacher parmi les arbres.
Le camouflage est un élément fondamental de la guerre, même si les développements technologiques tels que les drones, l’imagerie par satellite et les lunettes infrarouges ont rendu plus difficile la dissimulation sur les champs de bataille modernes. Le camouflage fonctionne en déformant les formes et en réduisant les signatures thermiques, trompant efficacement l’œil pour créer le doute et la confusion.
Sapins
Mais pour les observateurs qui suivent de près le conflit en Ukraine, les troupes russes, malgré leur supériorité militaire, ont fait preuve d’un amateurisme stupéfiant. Ils font référence aux vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux et qui montrent un ensemble d’initiatives impromptues et désespérées.
Dans l’une de ces vidéos, on voit un soldat russe s’abriter au milieu d’un groupe de véhicules blindés à l’arrêt. On décèle furtivement ce qui ressemble à des branches de sapins sur le flanc du véhicule.
La procédure tactique militaire de presque toutes les forces modernes consiste à envelopper des véhicules entiers dans des filets de camouflage légers lorsqu’ils ne sont pas en mouvement, même si ce n’est que pour une courte période. On a vu des unités ukrainiennes utiliser des combinaisons de filets et de feuillages pour modifier la forme des véhicules blindés. Les branches de sapins sont « mieux que rien » selon les experts militaires, mais semblent indiquer que l’unité en question manque de compétences de base dans l’utilisation du camouflage ou ne dispose tout simplement pas du bon équipement.
Foin et tapis
D’autres images provenant d’Ukraine montrent des transports blindés camouflé par du foin éparpillé sur le dessus. Dans une autre vidéo partagée sur les réseaux sociaux, on peut voir les troupes russes recouvrir un véhicule d’un tapis.
Il pourrait s’agir d’une tentative de réduction ou de déformation des signatures thermiques que les armes antiblindage – telles que les missiles Javelin de fabrication américaine livrés à l’Ukraine – utilisent pour trouver leurs cibles. Une signature thermique modifiée pourrait, en théorie, rendre plus difficile la distinction entre un véhicule blindé russe et un véhicule civil.
Mais en pratique, il ne trompera pas les systèmes d’armes avancés. Même les filets de camouflage spéciaux sont d’une utilité limitée à l’ère des drones et de l’imagerie par satellite. Ils peuvent aider à se dissimuler, et l’utilisation du feuillage pour déformer les contours des véhicules peut donner aux équipages des secondes vitales pour réagir à un combat. Mais ils sont avant tout conçus pour tromper l’œil humain.
Radios non sécurisées
Le manque apparent de filets de camouflage modernes des Russes est le dernier exemple de ce que les analystes appellent une série de bévues tactiques depuis le début de l’invasion à la fin du mois dernier. Elle semble confirmer que Poutine et ses hauts commandants militaires n’ont pas su anticiper la forte résistance à laquelle leurs troupes ont été confrontées.
À la consternation de nombreux observateurs occidentaux, les soldats russes ont montré une tendance à parler sur des radios et des téléphones portables non sécurisés, permettant aux services de renseignement ennemis d’intercepter leurs communications, rapportait plus tôt ce mois-ci le New York Times, qui a pu écouter plusieurs conversations. Les planificateurs militaires n’ont pas non plus distribué suffisamment de carburant et de nourriture, ce qui a conduit les troupes à abandonner leurs véhicules sur place et, dans certains cas, à se rendre.
Les analystes sont tout aussi perplexes quant au fait que les unités russes savent camoufler leurs véhicules et qu’il existe des preuves qu’elles l’ont fait lors de précédents exercices militaires. En 2021 encore, les médias d’État russes ont fait l’éloge des prototypes de camouflage avancés de leur armée, capables, selon eux, de reproduire l’environnement et de rendre leurs tanks quasiment « invisibles ».