Bien que la décision revienne à chaque État, Bruxelles a autorisé les Etats membres à taxer les surprofits des géants de l’énergie. De par les prix élevés, ils ont engrangé d’énormes bénéfices. Un surprofit de 200 milliards d’euros, estime même l’Agence internationale de l’énergie. Cette manne financière pourrait servir à soulager la facture des ménages. Mais la France ne suivra pas cette voie.
Taxer les géants de l’énergie, dont TotalEnergies ? Pour la France ce sera non, a confirmé Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement français, sur Europe 1.
« Bruno Le Maire avait indiqué que cette option n’avait pas été retenue. Nous, ce que l’on souhaite, c’est que tout le monde participe à l’effort et qu’évidemment, une entreprise, dès lors qu’elle engrange des bénéfices, doit participer à l’effort. C’est ce qu’on a demandé y compris aux groupes pétroliers. »
« Notre objectif (…) c’est aussi de maintenir l’attractivité pour notre pays, poursuit Gabriel Attal. On est constant depuis 2017 en n’augmentant pas les impôts, en ne créant pas de taxes. C’est comme ça que la France est redevenu le pays le plus attractif d’Europe pour les investisseurs étrangers. »
Dans le cas de TotalEnergie, la multinationale a annoncé un bénéfice de 16 milliards d’euros en 2021. Et 2022 pourrait se montrer encore plus généreux.
Belgique
En Belgique, la taxation des surprofits des géants de l’énergie est sérieusement étudiée. Tout dépendra sans doute de la longueur de la crise des prix. Le gouvernement De Croo a déjà entériné trois accords pour soulager la facture des ménages pour un coût total de 3 milliards d’euros, en partie financé par les surprofits que réalise aussi l’État via la taxation. Par contre, dans le cadre de l’énergie nucléaire, la prolongation en dernière minute de deux réacteurs pourrait placer la Belgique dans une position de faiblesse vis-à-vis d’Engie, l’autre géant français de l’énergie. Et au bout du compte laisser ses surprofits tranquilles. En outre, juridiquement, casser les contrats préexistants avec l’exploitant n’est pas chose aisée.
Le cas de la France est un peu différent. D’abord, la France est actionnaire d’Engie à hauteur de 25% et d’EDF à hauteur de 80%. Ce qui lui laisse une marge de manoeuvre plus importante. En septembre dernier, le gouvernement de Jean Castex a par exemple décidé de geler les prix du gaz et de limiter les prix de l’électricité, et ce, jusqu’au printemps 2022. Ces mesures lui coûteront 8 milliards d’euros. Mais en taxant les surprofits des géants de l’énergie, la France, en tant qu’actionnaire, toucherait également à ses bénéfices. La double peine.
Rappelons que dans le cas de TotalEnergies, l’entreprise privée a annoncé une baisse de 10 centimes à la pompe à partir du 1er avril sous pression du gouvernement français. Une baisse qui vient s’ajouter à celle de 15 centimes décidée par l’exécutif.
Pour le moment, seule l’Italie, et dans une moindre mesure l’Espagne, ont franchi le pas de la taxation des surprofits en Europe. Mais d’autres capitales pourraient suivre.