La Russie quitte le Conseil de l’Europe : voici la conséquence pour les citoyens russes

La Russie a annoncé mercredi son retrait du Conseil de l’Europe, après que les 46 autres États membres ont rédigé une résolution visant à exclure la Russie. Le Conseil de l’Europe est un organe important en matière de droits de l’Homme, car les citoyens des États membres peuvent saisir la Cour européenne des droits de l’Homme en cas de litige. Les citoyens russes voient maintenant ce droit disparaître, en raison de la guerre de Poutine en Ukraine.

Selon le ministère russe des Affaires étrangères, l’OTAN et l’Union européenne ont « abusé de leur pouvoir » en transformant le Conseil « en un instrument de politique anti-russe, en balayant le dialogue égalitaire et tous les principes sur lesquels cette organisation paneuropéenne existe ».

Peu de profit

« Ceux qui nous obligent à prendre cette mesure porteront toute la responsabilité de la destruction d’un espace humanitaire et juridique commun sur le continent, et des conséquences pour le Conseil de l’Europe lui-même : sans la Russie, cette institution perdra son statut paneuropéen », peut-on lire dans un communiqué du ministère russe.

Bien que la sortie de la Russie puisse être considérée comme une victoire, il y a en fait peu de raisons de se réjouir : les citoyens russes ne pourront désormais compter que sur le droit national. Cependant, celui-ci est connu pour sa corruption, le soutien financier de certaines personnes riches et les violations de la séparation des pouvoirs.

Les habitants des pays qui sont encore membres du Conseil de l’Europe peuvent donc s’adresser à la Cour européenne en cas de violations graves de la Convention européenne des droits de l’Homme. Elle est considérée comme une plateforme permettant aux citoyens de se plaindre de leur gouvernement, et aux scientifiques et journalistes de se défendre contre ce même gouvernement. Pour les Russes, ce n’est plus possible.

Famille européenne

La sortie de la Russie est donc dommage pour les citoyens russes, mais aussi pour le Conseil de l’Europe lui-même. « Nous voulons exprimer notre solidarité avec les citoyens russes, qui, à notre avis, partagent nos valeurs démocratiques. Nous espérons qu’ils continueront à faire partie de la famille européenne à laquelle ils appartiennent », a déclaré un communiqué du Conseil de l’Europe. « Nous restons déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour offrir un soutien et des solutions juridiques au peuple ukrainien dans sa lutte contre l’agresseur. Nous restons également attachés à la paix, fondée sur la justice et la coopération internationale ».

Une sortie du Conseil de l’Europe en dit long. En effet, la Russie n’est que le deuxième pays à quitter l’organisation depuis sa création en 1949. En 1969, la Grèce, alors dirigée par le dictateur militaire fasciste Georgios Zoitakis, a quitté le Conseil. En 1974, lorsque la junte a été renversée et que la république parlementaire a fait son retour, le pays a réintégré le Conseil de l’Europe.

Selon les chiffres de la Cour européenne des droits de l’Homme, 70.000 affaires ont été portées devant la Cour européenne en 2021. Pas moins d’un quart d’entre elles étaient dirigées contre le gouvernement russe.

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