Après les doutes formulés par Visa et Mastercard, c’est au tour de PayPal, un autre membre du consortium Libra, de quitter le projet de cryptomonnaie porté par Facebook.
Les réticences des États, ainsi que les doutes concernant la possibilité d’utiliser la cryptomonnaie pour blanchir de l’argent, ont fini par décourager PayPal. Le spécialiste américain des paiements électroniques a décidé de quitter le consortium Libra, sans en préciser les raisons. Cette annonce est un nouveau coup dur pour le projet porté par Facebook, alors que les autres membres de l’association doivent réaffirmer leur engagement à la fin du mois d’octobre, explique le journal français Les Echos.
Pour rappel, Libra est un projet de cryptomonnaie initié par Facebook et rejoint par un consortium de 28 entreprises et ONG. La monnaie devrait être gérée par une fondation sans but lucratif, basée à Genève. De manière indépendante, Facebook compte développer un porte-monnaie électronique et une plateforme de services autour de cette monnaie.
Quelques jours avant l’annonce de PayPal, un article publié par le Wall Street Journal dévoilait déjà que Visa et Mastercard étaient en train de ‘reconsidérer leur implication’ dans le projet. Et l’agence Bloomberg ajoutait que Stripe, un autre spécialiste des paiements en ligne, hésitait également.
‘La monnaie doit rester entre les mains des États’
Ces partenaires du projet Libra craignent de voir leurs relations avec les États et les autorités de régulation, qui ne voient pas d’un bon œil l’arrivée prévue en 2020 de la cryptomonnaie, se dégrader. Par exemple, le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a estimé en juillet dernier que la cryptomonnaie de Facebook soulevait de ‘grandes inquiétudes’ en termes de ‘respect des informations personnelles, de la protection des consommateurs et de la stabilité financière’, rappelle Les Echos.
L’économiste américain et Prix Nobel, Joseph Stiglitz souligne lui le manque de transparence: ‘Je me suis rendu compte, à travers les conversations que j’ai pu avoir avec Facebook, que l’entreprise n’avait pas une vision cohérente de Libra, qu’elle s’était sans doute précipitée’, expliquait-il récemment à Paris-Match. ‘Libra est décrite comme une cryptomonnaie. On vient de passer vingt-cinq ans à essayer de créer de la transparence dans le système financier, à essayer de faire cesser le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme, l’évasion fiscale… Comment tout à coup, pourrait-on accepter Libra et le secret qu’il implique? On me répond que Libra sera une cryptomonnaie transparente. C’est un oxymore ! Cela ne peut pas être à la fois ‘crypto’ – donc secret – et transparent. Si Libra devient une monnaie normale, qu’a-t-elle alors à offrir de plus que le dollar? Ils n’ont pas de réponse.’
La naissance d’une telle crytomonnaie soulève même des doutes parmi les dirigeants des GAFA. ‘Je pense vraiment que la monnaie doit rester entre les mains des États. Je ne suis pas à l’aise avec l’idée qu’un groupe privé crée une monnaie concurrente. Une entreprise privée n’a pas à chercher à gagner du pouvoir par ce biais’, a déclaré le PDG d’Apple, Tim Cook, au journal Les Echos qui voulait savoir si la marque à la pomme avait également l’intention de créer un jour sa propre monnaie.