L’inflation américaine bondit à 7,5%: « Un coup de poing dans l’estomac de la Fed »

Les chiffres de l’indice des prix à la consommation américaine étaient très attendus, et ils sont pires que prévu. En hausse de 0,6% en janvier en glissement annuel à 7,5%, son rythme le plus rapide en 40 ans. Une inflation qui met un peu plus de pression sur la Réserve fédérale (Fed).

Pourquoi est-ce important ?

Pour contrer cette inflation, la Fed prévoit depuis un certain temps de resserrer sa politique monétaire et d'augmenter les intérêts. La question maintenant qui inquiète les marchés et les économistes est de savoir dans quelle mesure. Combien de hausses et à quelle intensité ?

Il y aura une hausse des taux en mars, c’est une certitude, mais les analystes s’attendaient à une hausse de 0,25%, il pourrait maintenant s’agir de 0,5%. « La Fed a reçu ce chiffre comme un coup de poing », a commenté Nathan Sheets, économiste en chef mondial de Citi Research, à CNBC. « Nous allons voir une réserve fédérale de plus en plus agressive. Et je pense qu’après les données de l’inflation de ce jeudi, il est clair que 50 points de base pour mars doivent être mis sur la table ». Cela pourrait même être insuffisant, juge-t-il. La Fed n’a plus procédé à une telle hausse depuis 2000 et la bulle internet.

L’économiste craint surtout pour la suite: « Que devrons-nous faire pendant le reste de l’année pour maîtriser l’inflation ? Parce qu’il ne semble pas qu’elle s’atténue d’elle-même – du moins il n’y a encore aucun signe avant-coureurs ».

Goldman Sachs et la Bank of America envisagent même jusqu’à 7 hausses des taux d’intérêt l’année prochaine. 7 hausses de 25 points de base. Jusque-là, on parlait plutôt de 5 hausses.

Le président de la réserve fédérale de Saint-Louis va plus loin et parle d’une hausse nécessaire de 100 points en juillet.

Spirale salaires-prix

La Fed, comme la BCE du reste, fait face à un dilemme: lutter contre l’inflation sans enrayer l’économie encore fragilisée par la crise sanitaire, la crise de la chaine d’approvisionnement et les prix de l’énergie. Agir de manière disproportionnée fera plus de mal que de bien à l’économie. Le tout dans un contexte de ralentissement des mesures de relance.

Aux États-Unis, spécifiquement, la hausse globale des salaires entraine une spirale salaires-prix qui entraine à son tour l’inflation, une sorte de cercle vicieux. La Fed doit agir sur les taux: cela ne souffre d’aucune contestation aux États-Unis, contrairement à l’Europe. Il est attendu que l’inflation se calme d’elle-même durant l’année, mais cette spirale salaire-prix pourrait changer la donne, estiment les économistes des deux institutions.

De leur côté, les marchés détestent l’incertitude. Les investisseurs ne verraient certainement pas d’un bon oeil des hausses de taux d’intérêt trop importantes. Après tout, ce sont les taux extrêmement bas des dernières années qui ont poussé les épargnants à prendre des risques sur les marchés et à investir.

Wall Street a en tout cas terminé dans le rouge. Et ce sont une nouvelle fois les valeurs technologiques qui trinquent le plus, à -2% pour le Nasdaq.

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