Le retour des avions supersoniques a du plomb dans l’aile

L’élaboration de nouvelles règles pour les vols supersoniques pourrait avoir un impact négatif sur les efforts de durabilité du secteur. C’est ce qu’ont déclaré un certain nombre d’analystes à l’agence de presse Reuters à la suite de nouvelles discussions sur le sujet au sein de l’Organisation de l’aviation civile internationale (Icao).

Les experts préviennent que les initiatives visant à établir de nouvelles directives en matière de bruit pour l’aviation supersonique d’ici le milieu de la décennie pourraient affaiblir les efforts du secteur pour lutter contre le changement climatique.

« Ce faisant, la question pourrait donner lieu à des désaccords entre les États-Unis et certains pays européens », font-ils valoir.

Concorde

Le supersonique Concorde franco-britannique a effectué son dernier vol il y a près de deux décennies. « Un groupe d’experts en aviation des Nations unies souhaite actualiser les normes de bruit des avions supersoniques, en vigueur depuis plusieurs décennies, d’ici le milieu de cette décennie », note Reuters.

« Entre autres, l’entreprise américaine Boom a soutenu ces plans. » Boom a pour objectif de construire un avion supersonique qui serait moins polluant et moins bruyant que le Concorde, qui transportait des passagers fortunés et des célébrités à travers l’Atlantique.

Malgré son passé avec le Concorde, la France s’est plutôt fixé comme objectif de reporter les nouvelles procédures de déploiement des futurs avions supersoniques. La France est soutenue dans cette démarche par la Norvège et la Suède. Les trois pays notent que l’industrie doit se concentrer en priorité sur la mise en œuvre des règles d’émission pour les vols normaux.

Directives

L’Organisation de l’aviation civile internationale est chargée d’édicter des règlements en matière d’aviation. « Les constructeurs d’avions ont besoin de ces normes bien à l’avance pour s’assurer qu’ils répondent aux attentes officielles », souligne Dan Carnelly, vice-président du Conseil international de coordination des associations des industries aérospatiales.

« Aucun fabricant ne peut risquer d’investir des milliards de dollars pour concevoir et tester un nouveau produit sans avoir la garantie que cette technologie ne risque pas d’être interdite peu après son lancement. »

« La discussion est essentielle pour un marché de niche qui pourrait potentiellement créer des milliers d’emplois dans l’aviation », note Reuters. Boom prévoit de construire une usine en Caroline du Nord et a déjà reçu des commandes de United Airlines.

Mais les critiques avertissent que se concentrer sur cette question prendrait actuellement du temps et de l’expertise qui seraient mieux utilisés pour réduire les émissions de l’industrie. M. Carnelly met toutefois en garde contre le fait qu’un manque de réglementation à un stade précoce pourrait conduire à un patchwork de réglementations locales disparates.

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