Sur fond de crainte d’invasion de l’Ukraine et dans un contexte de pourparlers tendus entre la Russie et les Etats-Unis, un ancien ambassadeur britannique en Russie et une chercheuse décryptent l’effet que peuvent avoir des sanctions internationales sur Moscou.
« Les sanctions, ça ne marche pas sur la Russie », lance Tony Brenton, ancien ambassadeur britannique en Russie (de 2004 à 2008), interrogé par CNBC. Elles n’obstineraient que davantage la Russie. Puis l’Occident s’entêterait aussi davantage, imagine-t-il comme conséquence, ce qui rapprocherait les deux « d’une confrontation sécuritaire très, très dangereuse ».
Une crainte sur l’efficacité des sanctions que partage Angela Stent, professeure émérite pour le centre d’études sur l’Eurasie, la Russie et l’Europe de l’Est de l’Université de Georgetown aux Etats-Unis, également citée par la chaine économique américaine. Les sanctions n’ont jusqu’alors jamais arrêté la Russie.
Même si les sanctions sont de taille, estime-t-elle. Les sanctions qui sont sur la table sont notamment d’enlever les banques des systèmes financiers internationaux, ou encore de limiter les exportations de technologies. « On en parle de manière explicite aux Etats-Unis, mais cela ne semble pas dissuader la Russie. Si Poutine veut envahir l’Ukraine, ce n’est pas cela qui l’arrêtera ».
Véritable risque d’invasion?
Des troupes russes ont été envoyées en grand nombre à la frontière ukrainienne. Ce mouvement inquiète l’Occident, qui y voit la volonté de la Russie d’envahir l’Ukraine. En 2014, la Russie avait déjà « annexé » la Crimée, alors ukrainienne, après un référendum contesté et non reconnu à échelle internationale. De nombreux Ukrainiens avaient également fait entendre leur voix pour rejoindre l’Union européenne, ce qui a mené à un conflit armé avec des séparatistes pro-russes dans l’est du pays, toujours plus ou moins en cours.
Dans ce contexte, l’Occident craint que la Russie veuille envahir l’Ukraine. Pour Angela Stent, les chances sont de 50%. Mais elle estime qu’il s’agirait plutôt d’une invasion à petite échelle et « limitée », que d’une grande invasion.
L’ancien ambassadeur ne voit pas les Etats-Unis et la Russie en venir aux armes. Les deux pays veulent éviter une confrontation armée. Il ajoute que la Russie est plus faible que par le passé, et veut « juste que ses intérêts soient satisfaits ».
Joe Biden semble aussi vouloir éviter un conflit. Il pointe la Chine comme véritable danger pour la sécurité des Etats-Unis. Et entrer en conflit avec la Russie affaiblirait les Etats-Unis devant la Chine.
Pourparlers
Cette semaine, des pourparlers sont en cours entre la Russie et les Etats-Unis, et avec d’autres interlocuteurs internationaux. Lundi, des représentants des deux pays se sont rencontrés à Genève, et d’autres discussions doivent continuer mercredi à Bruxelles, entre la Russie et l’Otan. Une troisième rencontre internationale aura lieu jeudi à Vienne, avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).